La guerre en Irak qui boucle, sa première semaine est d'abord celle de deux régimes. Ce conflit ressemble à un règlement de comptes entre Texas et Tikrit, pour ne pas dire entre deux familles : les Bush et les Saddam. La composante de l'équipe du nouveau patron de la Maison-Blanche n'a fait que confirmer l'option d'un conflit armé en Irak face à un régime qui n'a pas changé entre-temps. L'entêtement de Saddam et ses hommes a accentué la volonté de Bush à en finir avec l'homme fort de Bagdad et prendre ainsi la revanche de son père. C'est quasiment la même équipe à Washington qui revient à la charge, excepté bien évidemment le chef qui change sans pour autant changer de nom. Bush fils a reconduit presque la totalité de ceux qui ont travaillé avec son père, il y a plus de dix ans. Ils sont tous revenus libérer ou conquérir, c'est selon, l'Irak qui a gardé, à quelques remaniements près, la même équipe aux commandes. Les Dick Cheney, Colin Powell, Donald Rumsfeld seront rappelés à la rescousse de la famille Bush face à Saddam. Ces faucons seront renforcés par d'autres extrémistes comme Condoleeza Rice, Tommy Franks, Elliot Abrams mais surtout Paul Wolfowitz. Ces derniers ont particulièrement pesé de leurs poids dans la décision d'attaquer l'Irak. Ce sont les plus durs parmi les durs dans l'Administration de G. W. Bush, estiment les analystes et les spécialistes de la politique américaine. La conseillère très spéciale du président, Rice, le chargé du dossier du Moyen-orient a la Maison-Blanche, Abrams mais surtout le numéro deux de Pentagone, Wolfowitz sont les plus acharnés contre le régime de Saddam dans la bande des bellicistes. Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Colin Powell, reste le moins “faucon” dans cette équipe. Il n'est pas non plus une colombe. Powell a juste une vision différente de celle de ses collègues en cherchant à rallier le maximum d'alliés à l'action des USA sous la bannière de l'ONU. Tâche rendue difficile puis impossible par son collègue Rumsfeld, le secrétaire d'Etat à la Défense, qui a multiplié les déclarations désagréables et parfois maladroites envers certains pays comme la France, l'Allemagne et la Russie. Côté irakien, le raïs a gardé la même équipe avec quelques changements de forme. Saddam Hussein a confié à ses fils les dossiers sensibles. Quossaï a été désigné par son père pour diriger le corps d'élite, la Garde républicaine. Cette dernière a pris position dans le périmètre couvrant la capitale et la ville natale du “zaïm”, Tikrit en l'occurrence. Le fils de Saddam est également chef des services secrets de son pays. Ce sont donc les deux tâches essentielles assignées à cet homme plus jeune que son frère, Oudaï. Ce dernier s'occupe, d'après des informations fournies par des journaux occidentaux, des finances de la famille, de la gestion des médias et des affaires. Le cousin au président irakien, Ali Hassan Al-Majid, serait chargé par le maître de Bagdad de diriger les opérations dans les provinces de Sud. Ce général, issu de Tikrit, est l'un des hommes de main de Saddam aux côtés de Taha Yassin Ramadan, Ezzat Ibrahim, tous deux proches dirigeants du raïs. Ces deux responsables sont avec Tarek Aziz parmi les plus fidèles de Saddam Hussein. Ce sont eux les piliers de régime irakien. Dans cette équipe, Taha Yassin Ramadan est le plus hostile à toute solution négociée avec les Américains. Il est bon de signaler que c'est lui qui s'est ouvertement opposé à la présence des inspecteurs en désarmement de l'Onu. Quel que soit le gagnant dans cette bataille le perdant reste le même : le peuple irakien. M. A. O.