Le ministre a indiqué que des mesures de sécurité seront prises et que “le nombre de gendarmes et de policiers sera revu à la hausse dans nos villes”, soulignant que “les différents services de sécurité et les citoyens qui se sont engagés dans la lutte antiterroriste demeurent encore debout”. “Je suis venu chercher mon cousin, un policier tué dans l'attentat contre le Palais du gouvernement”, explique une quinquagénaire, accablée devant la morgue de l'hôpital Mustapha-Pacha. “Il sera enterré demain (vendredi, ndlr) au cimetière de Garidi”, précise la femme en se dirigeant rapidement vers l'entrée de la morgue. Dès les premières lueurs du jour, les familles des personnes tuées dans les attentats d'Alger de mercredi ont commencé à défiler dans un silence religieux à la morgue. Les membres des familles des victimes n'ont pas le cœur à s'attarder sur le sort de leurs proches. “On veut récupérer rapidement la dépouille de mon cousin et partir vite d'ici”, ajoute avec amertume cette femme. Comme elle, près d'une dizaine de proches des victimes attendent de pouvoir entrer dans la morgue. La plupart sont des hommes, le regard vide, le visage défait. Neuf corps de victimes gisent encore dans la morgue, dont celui d'un homme qui n'a pas encore été identifié, indique un employé de l'établissement. Farid K., 30 ans, cherche désespérément depuis mercredi son frère, garde du corps au Palais du gouvernement. Il n'a pas donné signe de vie depuis l'attentat qui a fait 13 morts parmi le personnel du palais. “Depuis 24 heures, dit-il, nous avons fait le tour de tous les hôpitaux d'Alger, sans retrouver sa trace, ni obtenir une quelconque information.” Le corps de son frère a été finalement identifié à la morgue par des collègues du défunt. Défiguré par la violente explosion, ils n'ont pu l'identifier que grâce à une chaîne restée pendue à son cou. La victime a été enterrée, hier, dans son village natal à Aït Imghour, dans la région de Mechtras, à 35 km au sud de Tizi Ouzou. Vers 13 heures, un groupe de six hommes sortent de la morgue, portant un cercueil sur leurs épaules. “C'est mon frère Mohamed. Il était employé au service des transmissions du ministère de l'Intérieur”, affirme M'hamed Roukhi, cherchant à retenir ses larmes. Le cercueil est ensuite placé à l'arrière d'une camionnette pour être conduit à la maison familiale à Sidi-Abdallah, près de Zéralda. L'enterrement a eu lieu après la prière d'El-Asr, pour permettre au frère aîné du défunt, établi à Toulouse, dans le sud-ouest de la France, d'y assister. Enveloppé dans un linceul blanc, le corps de Mohammed Roukhi est porté en terre dans une ambiance pesante par des centaines de parents et d'amis proches ou lointains, venus manifester leur solidarité à sa famille au cimetière de Sidi-Abdallah. En milieu de matinée, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a effectué une escale à l'hôpital Mustapha où il s'est employé à redonner courage aux blessés hospitalisés au service de neurochirurgie de cet établissement. À l'hôpital militaire de Aïn Naâdja d'où il a entamé sa tournée dans les hôpitaux de l'Algérois, M. Zerhouni n'a pas pu cacher son émotion devant un enfant de 7 ans. “Ils m'ont rendu fou”, ne cessait de répéter le chérubin hospitalisé aux urgences médico-chirurgicales suite à un “choc émotionnel”, d'après son médecin. En marge d'une tournée dans des hôpitaux, le ministre de l'Intérieur a fait le point sur la situation sécuritaire. Evoquant la réunion avec le président Bouteflika, il a précisé que “les orientations ont confirmé que la situation sécuritaire était toujours correcte”. Toutefois, fera remarquer M. Zerhouni, “nous n'avons jamais exclu le risque d'attentat car il n'y a pas plus simple que de poser une bombe dans n'importe quel endroit de nos villes”. En ce sens, il a indiqué que des mesures de sécurité seront prises et que “le nombre de gendarmes et de policiers sera revu à la hausse dans nos villes”, soulignant que “les différents services de sécurité et les citoyens qui se sont engagés dans la lutte antiterroriste demeurent encore debout”. Par ailleurs, le ministre a indiqué que “le groupe, ayant commis ces attentats, est isolé et ses membres se sont réduits”, estimant qu'il “pourrait encore commettre quelques attentats par-ci ou par-là”, mais, a-t-il ajouté, ses membres “sont face à un mur et se trouvent dans une position désespérée”. Tout en affirmant que “l'objectif visé” par les éléments du groupe était “médiatique”, le ministre a expliqué qu'“un attentat contre un édifice central du gouvernement constitue le top du point de vue médiatique”. S'agissant des visées de ces attentats, il a fait remarquer que “l'objectif pourrait être la perturbation des prochaines élections”, soulignant que “les gens, qui se sont engagés dans les solutions politiques et en faveur de la réconciliation nationale, sont dominants dans le pays”. Il a affirmé que ces attentats signifient qu'il s'agit de “l'une des dernières manifestations de gens ne voulant pas que l'Etat fonctionne normalement”, car, selon M. Zerhouni, “il y a peut-être d'autres intérêts d'un autre type que politico-religieux”. Partant de ce constat, M. Zerhouni a indiqué que ces groupes qui se sont “exclus de la réconciliation nationale” veulent “perturber le processus politique de règlement de nos problèmes”. “Il ne faut pas exclure qu'il y ait d'autres intérêts ne voulant pas voir l'Etat algérien se ressaisir, se restructurer et fonctionner de manière plus efficace”, a-t-il dit. Interrogé sur la branche al-Qaïda qui aurait revendiqué ces attentats, il a rétorqué que “quelle que soit l'appellation du groupe, al-Qaïda ou GSPC, cela ne change rien”, soulignant que “Droudkal (“émir” du GSPC) qui est responsable de cette opération est connu” et sa neutralisation pourrait prendre “quelques semaines ou quelques années”. Il a expliqué que sa neutralisation “dépendra de notre capacité de mobilisation et de rester vigilants car le peuple algérien s'est habitué à la paix”. R. Benkaci