Passé le choc des attentats de mercredi, le dispositif sécuritaire a vite fait de revoir son déploiement sur le terrain. Barrages supplémentaires, quadrillage des édifices officiels, notamment les commissariats de police, vérifications de papiers systématiques au niveau des barrages de police et de gendarmerie ; ce sont là quelques premières mesures prises dans l'urgence pour parer à toute menace éventuelle. Une source sécuritaire nous confie que la commission de sécurité désignée pour suivre l'évolution de la situation se réunira, dès aujourd'hui, afin de statuer sur l'application du fameux plan de lutte qui a fait l'objet d'une réunion mercredi soir sous la présidence du chef de l'Etat. Beaucoup de discrétion, voire de secret, entourent cette réunion dont les contours restent encore confidentiels. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, qui s'était rendu jeudi au chevet des blessés, s'est contenté d'annoncer que lors de cette réunion au sommet, il a été question de l'évaluation de la situation sécuritaire, en soulignant que « les orientations ont confirmé que la situation sécuritaire était toujours correcte ». Yazid Zerhouni avait, par ailleurs, indiqué que des mesures de sécurité seront prises, en précisant que « le nombre de gendarmes et de policiers sera revu à la hausse dans nos villes ». La capitale est désormais soumise à un dispositif d'ultrasurveillance. Sur le terrain, les services de sécurité ont vite fait de quadriller les accès aux commissariats, qui sont depuis quelques mois les principales cibles des terroristes. Des barrages occasionnels dans certaines localités sont depuis mercredi dernier devenus fixes. Empruntant un slogan cher à l'époque du tout sécuritaire sous Zeroual, à savoir « Ridjal Ouakifoun », M. Zerhouni affirme que « les différents services de sécurité et les citoyens qui se sont engagés dans la lutte antiterroriste demeurent encore debout ». Ce retour sémantique au tout sécuritaire dénote, vraisemblablement, un retour à la stratégie de lutte contre le terrorisme telle que pratiquée durant la décennie noire, c'est-à-dire où tous les moyens de lutte seront pris en compte et déployés sur le terrain. « Perturber le processus politique » Tout en reconnaissant qu'il y a eu baisse de vigilance de la part des services de sécurité, M. Zerhouni estime que le groupe terroriste « pourrait encore commettre quelques attentats par-ci par-là ». Ceci en se défendant d'avoir un jour exclu le risque d'attentat, notamment celui de poser une bombe qui est le plus facile, selon lui, à commettre. Le ministre d'Etat osera, toutefois, une phrase rassurante en affirmant que le groupe terroriste ayant commis les attentats de mercredi est « isolé et ses membres sont réduits » et d'ajouter : « Ils sont face à un mur et se trouvent dans une position désespérée. » Alors que les services de sécurité s'attellent à identifier les auteurs des odieux attentats, le premier responsable du département de l'Intérieur estime que l'émir du GSPC qui est responsable de cette opération, en l'occurrence Droukdal, « est connu ». Il précisera que sa neutralisation est susceptible de prendre quelques semaines ou quelques années, soulignant que « cela dépendra de notre capacité de mobilisation et de rester vigilants car le peuple algérien s'est habitué à la paix ». Interrogé sur les objectifs recherchés par les auteurs et commanditaires des attentats, le ministre de l'Intérieur suggérera que les intentions des poseurs de bombes sont autres que « politico-religieux ». Tout en soulignant que l'appellation des auteurs ne change rien à la stratégie de lutte contre le terrorisme, M. Zerhouni considère que les derniers attentats sont l'œuvre d'individus qui se sont exclus de la réconciliation nationale et refusent que « l'Etat fonctionne normalement ». Invitant à recentrer ces actes dans la géosphère algérienne, le même responsable estime qu'il y a une volonté de ces gens-là « de perturber le processus politique de règlement de nos problèmes ». Yazid Zerhouni est formel : « Leur objectif pourrait être la perturbation des prochaines élections. »