Après le double attentat de mercredi à Alger, c'est de nouveau au Maroc que se font sauter deux kamikazes devant le Centre culturel américain de Casablanca. Les autorités marocaines ont beau ne pas faire de lien entre cette recrudescence du terrorisme au Maghreb, la réalité est têtue. Il s'agit bel et bien d'une partition concertée qui porte la signature d'Al Qaïda Maghreb islamique. Les experts en lutte antiterroriste ne perçoivent toujours pas pourquoi le ministre de l'Intérieur marocain s'entête à ne pas voir le label de la succursale d'Al Qaïda dans son propre pays, pourtant annoncée à grande pompe en septembre dernier et jamais démentie par ses sous-composantes régionales. L'aveuglement du ministre marocain est d'autant plus incompréhensible que le roi Mohamed VI a, lui, appelé le jour même des attentats aux voitures kamikazes dans la capitale algérienne à une coopération maghrébine pour la lutte antiterroriste. Est-ce une simple différence d'appréciation du phénomène au Maroc où l'expression de contradictions sérieuses entre le Palais et sa police ? Cela dit, l'attentat d'hier à Casablanca est plus qu'un signal d'alarme, qu'il serait irresponsable de ne pas entendre dans toute sa résonance. Le front d'Al Qaïda au Maghreb s'est allumé et il serait criminel de penser le contraire. Les explosions de kamikazes de Casablanca sont trop concomitantes pour ne pas y percevoir de la coordination et, probablement, un centre de commandement. Par ailleurs, les observateurs font relever aux Marocains que les explosions chez eux coïncident avec les perspectives des élections législatives. Le phénomène, comme l'a toujours défendu l'Algérie, dépasse les frontières d'un seul pays pour atteindre l'ensemble du Maghreb, même si en Tunisie, la force de frappe des islamistes radicaux n'a pas encore révélé toutes ses capacités de nuisance. Le démantèlement en janvier d'un groupe salafiste en Tunisie témoigne de la montée des périls qui menacent également ce pays. Après avoir subi des revers, les terrorismes locaux se sont fondus dans l'internationale du djihad pour essayer de rebondir et donner corps à l'ambition d'Al Qaïda d'ouvrir un sanctuaire dans l'Afrique sahélienne, aux portes de l'Europe. Prétendre que le rattachement à Al Qaïda est seulement une question de marketing, comme le souligne le patron de la police marocaine, que la coordination opérationnelle entre les organisations terroristes locales est improbable, sinon embryonnaire, ne sert qu'à se voiler la face et à encourager la propagation du terrorisme. Les Européens eux ont, d'ores et déjà, tirer les leçons. À leurs yeux, les prémonitions de Zawahiri sont à prendre au sérieux. Leurs spécialistes ont alerté sur la nouvelle mutation du phénomène subi chez leurs voisins du Sud de la Méditerranée et exhortent leurs gouvernements à coopérer franchement à la lutte contre le terrorisme menée sur les rives sud de la Méditerranée. Paris, Rome et Madrid, pour ne citer que ces proches voisins, son persuadés que la sécurité de Tunis, Rabat et Alger contribue également à leur propre D. Bouatta