La Garde républicaine déployée pour défendre Bagdad compte en son sein quelque 100 000 hommes. Après avoir évité, durant les premiers jours, d'entrer en conflit direct avec l'armée irakienne dans les grandes villes, les forces de la coalition semblent changer à présent de stratégie militaire. Au douzième jour de la guerre, les marines américains et britanniques se sont lancés dans la première confrontation terrestre directe pour la prise de Bassorah. Cette offensive d'envergure donne un avant-goût sur la suite de l'“expédition” qui vise d'atteindre Bagdad et du coup, le renversement du régime de Saddam Hussein. La bataille pour la conquête de la deuxième ville irakienne qui se trouve à 500 km au sud-est de la capitale a, en effet, débuté dimanche à l'aube, quand quelque 600 hommes du 40e commando des Royal marines ont lancé un violent assaut afin d'occuper Abou Al-Khassib, localité située à une dizaine de kilomètres de Bassorah. Les commandos ont rapporté avoir fait jusque-là au moins 300 prisonniers et détruit un certain nombre de chars et de troupes blindées irakiens. Du côté des forces de la coalition, plusieurs soldats britanniques ont été blessés dont certains dans un état grave. Selon la chaîne Aljazeera, l'artillerie britannique était, hier, à la mi-journée en train de pilonner les abords ouest de Bassorah. Parallèlement aux combats urbains déclenchés dans cette ville, les éléments de la troisième division d'infanterie américaine (3e ID) étaient, hier, à 150 km au sud de Bagdad, dans une autre confrontation directe avec les unités de la Garde républicaine irakienne. Les combats se déroulaient dans le centre de l'Irak et ont débuté à l'est de la Karbala chiite. Le commandant de la première brigade de la division (3e ID) a reconnu que “c'est le premier contact sérieux” avec la force d'élite de Saddam Hussein. Il importe de signaler, à cet effet, que la Garde républicaine irakienne, déployée pour défendre la capitale, compte en son sein 100 000 hommes. Ce qui suppose que les combats urbains entre les forces alliées et les combattants irakiens seront acharnés. D'ailleurs, c'est ce qui explique la pause de quelques jours prise par les troupes de Bush et de Blair avant de se préparer à reprendre leur progression vers la capitale. Tout en enterrant l'espoir d'un conflit de courte durée, les responsables militaires de la coalition déclarent, malgré l'avalanche de critiques contre la stratégie adoptée jusque-là, que leurs troupes ont fait des progrès remarquables. Le secrétaire d'Etat américain à la Défense Donald Rumsfeld a avoué, néanmoins, qu'il est : “Sûr qu'il y aura des semaines de guerre aérienne” contre la Garde républicaine qui défend Bagdad. Et de pronostiquer encore “des jours difficiles (…) et dangereux” à mesure que ses troupes approcheront de la capitale. C'est dire que les jours à venir connaîtront le summum de cette expédition militaire menée à l'encontre de la légalité et des droits internationaux. La campagne militaire entamée ne sera pas suspendue quel que soit le tribut à payer, bien que jusque-là les objectifs assignés n'ont pas été atteints, comme l'a bien déclaré, hier, le porte-parole de Downing Street. R. H.