Le rassemblement de la coupole du 5-Juillet a été placé par ses initiateurs, des partis politiques, des organisations de masse et des associations, sous le slogan “sécurité, paix et réconciliation nationale”. Il était difficile de se frayer, hier matin, un chemin jusqu'à l'entrée de la coupole du complexe sportif du 5-Juillet. Des milliers de personnes, déposées légèrement en contrebas de l'édifice par des bus, principalement ceux du transporteur public Etusa, tentaient tant bien que mal de s'engouffrer dans la salle. Il leur fallait d'abord se soumettre, bon gré mal gré, aux fouilles au corps (à quatre points successifs) opérées par des éléments de la Sûreté nationale. Aux environs de 10h30, les gradins de l'imposante salle omnisports sont pleins. Des citoyens, notamment des femmes, ont commencé à investir le milieu du terrain. Le Chef du gouvernement, plusieurs ministres (Tayeb Louh, Saïd Barkat, Djamel Ould Abbès, Abdelkader Ziari, Amar Ghoul…), le président du MSP Abou Djerra Soltani, la porte-parole du Parti des travailleurs Louisa Hanoune, des cadres du RND (Chihab Seddik et Abdeslem Bouchouareb), le secrétaire général de l'UGTA Abdelmajid Sidi-Saïd et des membres de son secrétariat national, ainsi que des représentants de nombreuses associations, dont celles des victimes du terrorisme, occupent la tribune d'honneur. Des chansons patriotiques sont diffusées par des haut-parleurs. Deux écrans géants montrent les images émises en direct par l'ENTV sur les marches populaires en cours dans différentes villes du pays. Des banderoles, sur lesquelles s'entrecroisent dans un curieux paradoxe le rejet du terrorisme et un soutien à la réconciliation nationale, drapent les murs de la salle. Vers 11h15, le secrétaire national de l'UGTA et candidat à la députation sur la liste d'Alger du RND, M. Djenouhat, en hôte de cérémonie, a demandé à l'assistance de se lever pour écouter l'hymne national puis observer une minute de silence à la mémoire des victimes des attentats de mercredi dernier contre le Palais du gouvernement et deux sièges de la sûreté nationale à Bab-Ezzouar. Il a donné, ensuite, la parole à Abdelaziz Belkhadem, en qualité de secrétaire général du FLN. Très concis, le numéro 2 du FLN et aussi Chef du gouvernement a estimé que “la meilleure réponse au terrorisme lâche, qui a frappé Alger mercredi dernier, est cette réaction du peuple”. Il a affirmé que le terrorisme a échoué en Algérie, dans les années 90, quand les caisses de l'Etat étaient vides. “Il en sera pareil aujourd'hui que les institutions du pays sont fortes et l'économie nationale florissante”, ajoutant que les autorités du pays “ne laisseront aucune chance au terrorisme ou à l'ingérence étrangère d'entraver le processus de la réconciliation nationale”. Lui succédant à la tribune, Abou Djerra Soltani a assuré que les attentats terroristes “n'ont plus de couverture politique, ni de légitimité, ni de causes”. S'exprimant au nom du RND, à la place du secrétaire général du parti Ahmed Ouyahia, bloqué toute la nuit précédente à l'aéroport de Tamanrasset – selon l'explication d'un membre de la direction du parti — Chihab Seddik (candidat aux élections législatives sur la liste d'Alger) s'est adressé carrément aux jeunes (l'âge des trois kamikazes qui ne dépassait pas les 28 ans), en les mettant en garde contre les manœuvres des recruteurs des groupes armés. “N'acceptez le terrorisme sous aucun prétexte, qu'il soit basé sur la misère ou la religion.” Il a averti aussi contre “la passivité complice et les discours mous”, qui favoriseraient une redynamisation des réseaux terroristes. Louisa Hanoune, fortement acclamée par l'assistance, a considéré que les derniers attentats menacent “notre existence en tant que nation et en tant que peuple”. Elle a expliqué que ces attaques ne relèvent pas “d'un terrorisme aveugle. C'est l'Etat algérien qui est visé”. Sans détour, elle a accusé les Etats-Unis d'entretenir sciemment un climat de psychose dans le pays. “Ça ne leur plaît pas qu'on nationalise notre pétrole (référence à la révision de la loi sur les hydrocarbures, ndlr), qu'on refuse leurs bases militaires sur notre territoire…” Tour à tour, Sidi-Saïd puis Tayeb Houari, secrétaire général de l'Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec), ont fait part de leur dénonciation du terrorisme. À la fin du rassemblement, un communiqué est lu au nom de tous les partis et les parties ayant appelé à la mobilisation populaire. Sans déroger à la règle du jour, cette motion se résume en deux orientations : condamnation du terrorisme et caution inconditionnelle à la démarche conçue sur le principe de réconciliation nationale. Souhila H.