C'est la commune la plus touchée ; le spectacle était insoutenable : routes coupées, pas d'électricité, habitations de fortune effondrées, rues submergées par les eaux et de la boue et des familles en larmes. Les localités de Ras El-Ma, Moulay Slissen, Boukhanefis et Sidi Khaled, situées au sud-ouest du chef-lieu de wilaya, ont été touchées, mercredi dernier, de plein fouet par des inondations sans précédent, provoquées par les crues de deux oueds : la Mekerra et El-Gor. Ces crues ont fait malheureusement six morts : le chef de daïra de Moulay Slissen, l'adjoint du chef de la brigade de la gendarmerie, une sexagénaire, trois filles d'une même famille âgées de deux, six et douze ans, et trois blessés légers à Boukhanefis ainsi que près de 120 familles sinistrées à Moulay Slissen. En effet, le chef de daïra, A. Boudriouh, âgé de 36 ans, père de deux enfants, et l'adjoint du chef de la brigade de gendarmerie, qui participaient au secours des citoyens, ont été emportés par le déferlement des deux oueds. Le corps sans vie du premier a été repêché, par la Protection civile et les citoyens deux heures après, accroché à un tronc d'arbre alors que le second a été retrouvé par la Protection civile le lendemain, dans la commune de Sidi Khaled, à 30 km environ au nord de Moulay Slissen. La vieille femme et les trois filles de la famille Barkat ont été, elles aussi, mortes asphyxiées par submersion et retirées de l'eau quelques heures après par les citoyens. Les corps des victimes ont été déposés à la morgue du CHU Abdelkader-Hassani et de l'hôpital de Telagh. Ainsi, dans la nuit de mercredi à jeudi, toutes les communes longeant les rives de l'oued Mekkera à partir de Ras El-Ma ont été “coupées du monde”, sans courant, ni eau potable, ni routes, entièrement inondées et impraticables, notamment la RN13 et la RN59. À tel point que les automobilistes empruntant habituellement ces deux axes reliant le nord et le sud de la wilaya en passant par Sidi Bel-Abbès et vice-versa, ont été contraints, durant de nombreuses heures, de se rabattre sur d'autres routes, de même que de nombreuses têtes de bétail ont été tuées, des récoltes compromises et des maisons de fortune se sont effondrées. À notre arrivée à Moulay Slissen, la commune la plus touchée, le spectacle était insoutenable : routes coupées, pas d'électricité, habitations de fortune effondrées, rues submergées par les eaux et la boue, et des familles en larmes. Certains citoyens encore effrayés et sous le choc ont évoqué l'insuffisance d'assistance et d'aide, notamment en denrées alimentaires. D'autres ont expliqué que les eaux ont atteint 5 mètres. D'autres habitants se sont plaints des dégâts causés à leurs biens, notamment leurs voitures, commerces et appareils électroménagers. D'autres, plus touchés, n'ont pas manqué de dénoncer le dysfonctionnement constaté en matière de secours, en signalant que si la Protection civile disposait de plus de moyens, beaucoup de choses auraient été sauvées. Devant la gravité de la situation, les autorités locales, notamment le wali, se sont rendues sur les lieux pour constater les dégâts et présenter leurs condoléances aux familles des victimes décédées. Sur place, le wali a pris des mesures, notamment pour l'ouverture des routes, l'approvisionnement des citoyens en denrées alimentaires et le rétablissement de l'électricité et de l'eau potable. Lors d'un point de presse animé jeudi dernier au siège de la wilaya, le chef de cabinet a affirmé que les inondations de mercredi soir ont causé d'importants dégâts et le bilan aurait été plus lourd surtout en pertes humaines si ce n'était l'intervention des éléments de la Protection civile, de l'ANP et de la Gendarmerie nationale. Pour cela, des cellules de crise ont été constituées dans les zones sinistrées. Notre interlocuteur a également déclaré que des renforts en matériel et agents de la Protection civile ont été dépêchés à Moulay Slissen et ce, à partir de quatre wilayas : Mascara, Tlemcen, Oran et Mostaganem. B. AZIZ