Dix jours après les pluies diluviennes qui se sont abattues sur quatre localités du sud-ouest de la wilaya, Ras El Ma, Moulay Slissen, Boukhanéfis et Sidi Khaled, qui, selon les citoyens de ces localités, s'était distinguée par un dysfonctionnement dans l'opération de secours et de sauvetage, la population est toujours sous le choc. Ainsi, le lot de désolation et les stigmates du passage de la crue, notamment la boue, les eaux stagnantes, les routes obstruées, les glissements de terrain, les débordements des fossés, les menaces sur certaines habitations et l'effondrement de vieux murets demeurent encore visibles, surtout à Sidi Khaled et à Boukhanéfis. En effet, c'est à partir de cette dernière localité, distante de 16 km du chef-lieu de wilaya, que nous avons entamé notre virée. Les citoyens nous ont signalé des dégâts importants et des inondations considérables, à tel point que la rivière en crue a accaparé la chaussée en perturbant durant deux jours la circulation automobile sur la route menant à Sidi Khaled. De même que pour les habitations situées à l'entrée du village qui ont vu les eaux s'infiltrer. À proximité du marché des fruits et légumes, les 12 commerces et une habitation, “l'ancienne mosquée”, jouxtant la route de Tabia n°7 ont été immergés par les eaux provenant de la crue de l'oued Mekerra et causant ainsi des pertes considérables à leurs propriétaires. A. Berrehil, le boucher, se rappelle bien de cette nuit de mercredi à jeudi, où les eaux ont inondé son local à une hauteur de 2 mètres. “Regardez, tout le matériel est parti, même le réfrigérateur, et malgré cela personne ne s'est inquiété de notre sort.” Même constat chez ses voisins Ahmed, le coiffeur, Belabi, l'épicier, les frères Yagoub, magasin de pièces détachées, Bouchentouf, le restaurateur, le magasin et café de Merabi, et l'autre salon de thé de Bentayeb. “Outre les dégâts, la crue a failli coûter la vie à des personnes, en plus de cela on chôme, tout est parti, même notre argent liquide et nos papiers. Nous espérons que les autorités se penchent sur notre cas”, raconte exaspérés les commerçants. Plus en bas et à proximité de la digue de l'oued se trouve l'ancienne mosquée habitée par deux familles (Abada et Guendouz) composéesde 13 personnes, encore marquées par ce qu'elles avaient vécu lors de cette soirée de mercredi, nous montrent leur maison dévastée par la crue. À l'intérieur et après dix jours, le décor est encore apocalyptique : les eaux ne trouvant plus de passages ont inondé les chambres et atteint 2 mètres de hauteur, sur lesquelles flottaient un amas d'objets entraînés dans son courant, une boue de plus d'un mètre encore présente dans les chambres, des murs effondrés, les portes et les fenêtres emportés par les eaux. “Chaque fois, c'est la même chose, et personne n'a voulu rien faire pour nous et les responsables de l'APC nous on dit de déblayer tout cela seuls. La commune ne dispose même pas de tentes et encore moins de logements pour reloger les habitants sinistrés. Certes, on est recasés au sein du siège de la garde communale, mais sans couverture ni de quoi préparer nos repas”, nous raconte Guendouz et sa voisine, Mme Abada. À la commune de Sidi Khaled, l'accalmie est revenue depuis notre dernière visite de samedi dernier. En effet, l'APC et la Protection civile avaient immédiatement mobilisé l'ensemble de leurs agents pour aider la population à dégager la boue. À l'école Feraoun, le président de l'APC dirigeait en personne l'opération de distribution des denrées alimentaires et des couvertures aux sinistrés. Interrogé sur le bilan des inondations, le P/APC signale : “Sur l'ensemble du territoire de la commune, nous avons enregistré à ce jour plus de 561 familles sinistrées, dont 80% touchées à 100%. Lundi dernier, on a reçu une quantité suffisante de denrée alimentaire et 1 300 couvertures.” Au sujet des fermes sinistrées et des dégâts occasionnés, M. Hamdani, chef de service des finances et de la réglementation générale de l'APC, nous a déclaré : “Au sein du domaine Si Youcef, on dénombre 11 familles sinistrées et la perte d'un cheptel de 48 têtes, 4 000 poulets et 3 000 poussins, et l'effondrement de deux hangars. Au douar Rehamna, deux familles sont sinistrées et tout un projet FNDRA de pommiers a été dévasté par la crue, surtout le réseau du goutte-à-goutte. À l'OAC Rahman-Mekki, 100 hectares d'orge ont été complètement emportés par les flots.” B. AZIZ