L'autre problème qu'affrontent les entreprises algériennes, indiquera le secrétaire général du RND, a trait à l'accès aux crédits. À ce propos, il propose l'augmentation du capital des banques. Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), M. Ahmed Ouyahia, plaide pour une baisse sélective de la TVA qui jouera doublement en faveur de la production nationale et, par ricochet, du consommateur. Les charges des entreprises doivent, pour lui, connaître le même sort. Il citera l'exemple de l'Impôt sur le revenu global (IRG) fixé à près de 40% en Algérie alors qu'il est, avouera-t-il, de 20 % en Egypte, au Liban, et de 30 % en Jordanie, en Malaisie et en Corée du Sud. “C'est un véritable argument qui milite pour sa baisse, puisque ce sont des concurrents avec qui nous devons nous battre”, affirmera-t-il. Il est difficile, arguera-t-il, pour une entreprise qui paie jusqu'à 35 % de charges d'aller concurrencer une société jordanienne ou tunisienne qui ne s'acquitte que d'environ 20 %. La baisse sélective de la TVA, qui se veut une incitation à l'entreprise algérienne, vise la protection et l'encouragement de la consommation nationale. “Les engagements internationaux de l'Algérie ne nous empêcheront pas de faire ce que d'autres pays, qui nous ont suggéré des contrats, font chez eux”, relèvera Ahmed Ouyahia. Par ailleurs, Ahmed Ouyahia préconise de favoriser la promotion immobilière en réduisant les charges fiscales au profit des entreprises réalisatrices de logements et de bonifier les crédits pour ces dernières. Parmi les mesures conçues dans son programme, il citera une aide publique indirecte au loyer et une bourse pour la scolarité des enfants. Invité aux rencontres qu'organise le Forum des chefs d'entreprise (FCE), le S.G. du RND a tenu à souligner que ces baisses ne constituent aucunement une catastrophe pour le Trésor public qui, selon lui, traverse une période exceptionnelle qui ne se répétera plus avant peut-être 50 ans. “Si les caisses perdent des recettes par exemple, l'Etat pourra intervenir. C'est la même chose pour l'impôt, l'Etat dispose de recettes et peut y faire face”, expliquera-t-il, tout en précisant que ce n'est nullement de la charité qu'il fait en faveur des patrons des entreprises. “Ce qui est placé aujourd'hui, sera récupéré au quintuple dans 5 ou 10 ans. C'est donc un acquis pour la globalité de l'économie nationale”, a argumenté l'ex-Chef du gouvernement. Le RND est pour un régime dérogatoire du code de l'investissement pour tout l'espace des Hauts-Plateaux et du Sud, hors hydrocarbures pour cette région. À la lancinante question du foncier, le RND propose une solution en termes de coûts et d'attraction en créant de nouvelles zones industrielles le long des autoroutes et des voies ferrées. Le SG suggère aussi une réduction de 20 % du coût d'acquisition des terrains destinés à l'investissement dans les grandes villes ou à la périphérie, voire 50 ou 60 % à l'intérieur du pays afin d'encourager l'investisseur à y réaliser son projet. L'autre problème qu'affrontent les entreprises algériennes, indiquera Ahmed Ouyahia, a trait à l'accès aux crédits. À ce propos, il propose l'augmentation du capital des banques. “Nous proposons que le Trésor public, qui est la première banque en termes d'épargne, puisse mettre à la disposition des banques publiques des crédits de 100 ou 200 milliards de DA sur 20 ou 30 ans à un taux de 1 % ou 1,5 %. À ce moment-là, les banques peuvent prêter à long terme et avec des coûts de crédit inférieurs”, a-t-il ajouté. Le RND est pour un encouragement ou une protection légale pour les gestionnaires des banques, pour peu qu'ils prêtent dans le cadre de la transparence et du respect de la loi. Car, la banque est un métier à risques, fait de gains et de pertes. L'autre chapitre abordé par le patron du RND a concerné la mise à niveau des entreprises. “Nous optons pour une incitation et une punition, pour que l'entreprise algérienne se mette à niveau. Il faut mobiliser 20 milliards de DA/an, l'équivalent de 15 jours de nos recettes pétrolières, dans un fonds public dédié à la mise à niveau sur 5 ans. Ce fonds pourra financer par exemple 70 % des frais des études et des équipements destinés à la mise à niveau, donner des crédits à l'opérateur de 30 % à un taux d'intérêt zéro”. L'accroissement de la richesse passe impérativement, d'après M. Ouyahia, par un assainissement de l'économie nationale en ce qui concerne notamment la fraude et l'argent mal acquis. “Nous ne pouvons pas construire une économie tant que le magma de l'argent facile continue à prévaloir et à fleurir en Algérie”, lancera-t-il. La lutte contre ce phénomène nécessite l'augmentation des effectifs des institutions chargées de cette opération et la modernisation de ces services pour, dira-t-il, “démocratiser l'acte économique et mobiliser le maximum à la participation à la construction du pays”. Ahmed Ouyahia a confié, à ce sujet, aux membres du FCE que l'une des “administrations les plus archaïques dans notre pays demeure celle des impôts”. Il faut pour cela, syndiquer toutes les structures en charge de la lutte contre la criminalité économique. Les banques disposent aujourd'hui, a déclaré Ouyahia, d'environ 1 000 milliards de DA de dépôt qui sont neutralisés dans la Banque d'Algérie. Il faut ainsi donner, proposera-t-il, du cash flow aux banques sur la durée. Badreddine KHRIS