La justice britannique a commencé à examiner hier une demande d'extradition vers la France de Rafik Khelifa, arrêté le 27 mars à Londres et qui a été maintenu en détention à l'issue de cette première audience. L'ex-golden boy algérien, condamné par contumace à la réclusion à perpétuité par le tribunal de Blida, ne s'est pas exprimé. Le juge Anthony Evans, du tribunal de Westminster, a entendu les arguments du représentant du parquet français et a accédé à la requête de la défense qui a demandé plus de temps pour examiner les documents de la justice française. Le juge décidera le 29 mai de la date des prochaines audiences. Khelifa a été arrêté le 27 mars en Grande-Bretagne, où il s'était réfugié dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen délivré par le tribunal de grande instance de Nanterre (région parisienne). La justice française enquête, elle, sur des malversations présumées survenues au sein du groupe Khalifa, dans les ex-sociétés Khalifa Airways, Antinéa Airlines, (transport aérien), et Khalifa Rent-a-Car (KRC, location de voitures), toutes enregistrées en France. Fin 2003, le parquet de Nanterre avait ouvert une information judiciaire pour “abus de confiance, banqueroute par détournement d'actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée”. L'enquête française mettrait en cause Moumen Khelifa pour l'ensemble de ces faits, selon une source proche du dossier en France. “Le défendeur, dans sa situation de gérant de facto des trois compagnies (...) a détourné de l'argent, des titres et des actifs appartenant aux compagnies, causant ainsi la liquidation de ces compagnies (et le licenciement de plus de 100 salariés) et laissant des dettes de plus de 90 millions d'euros”, a déclaré Mark Summers, représentant de la justice française dans une présentation des délits présumés du prévenu. “L'intérêt français” dans cette affaire est “clair et légitime”, puisque les actifs sur lesquels porte la fraude sont en France, a souligné M. Summers. La justice française soupçonne en particulier M. Khelifa d'avoir acquis avec des fonds de Khalifa Airways une villa à Cannes et plusieurs appartements qui servaient à son usage personnel et à ses proches. Trois personnes ont été mises en examen pour l'instant dans le volet français de cette affaire judiciaire, dont l'épouse de M. Khelifa. La justice britannique n'a pas reçu de demande d'extradition de la part de l'Algérie à ce stade, a-t-on expliqué lors de l'audience. Synthèse A. A.