L'entraîneur du MCO, le Portugais Eurico Gomès, ne cesse, visiblement, de constater les limites criantes de la direction mouloudéenne en matière d'organisation et de gérance. Mardi après-midi, le Lusitanien a ainsi été obligé d'annuler une séance d'entraînement en raison de l'indisponibilité… d'un terrain qui pourrait accueillir le club d'El-Hamri. Hier matin, Eurico Gomès était encore sous “l'effet” de la déception. Pour lui, “ces conditions de travail sont catastrophiques”. “Il n'y a pas de terrain pour l'entraînement, il n'y a pas de douches, surtout qu'après les entraînements, le changement de température fait courir un risque certain aux joueurs, il y a beaucoup de difficultés pour acheter des médicaments aux joueurs. Vous pensez que ce sont là les conditions nécessaires pour un entraîneur professionnel ? Impossible ! Car les joueurs jouent le football avec la tête pas avec les pieds, dans la mesure où les pieds exécutent seulement”, dira-t-il, plein d'amertume, à Liberté. Et d'ajouter : “Pendant trois mois j'ai fait un travail que beaucoup pensaient impossible grâce, en grande partie, au comportement fantastique du groupe. Ce n'était que la première partie nécessaire à tout club. Mais moi, jamais je ne pourrai réaliser la seconde partie du travail, c'est à la direction de le faire. Alors moi, je dis attention ! car même avec 35 points ce n'est pas encore fini, le maintien n'est pas encore assuré. Avec ce comportement (NDLR, de la direction), le match de Blida devient dangereux car, normalement, en perspective de cette rencontre, tout le monde doit travailler dur pour donner le maximum. Or, c'est tout à fait le contraire.” Concernant sa situation personnelle, Eurico Gomès a été très clair : “J'ai signé un contrat de quatre mois qui se termine au mois de mai (la fin du mois, ndlr). Je sais que le championnat se terminera le 21 juin, je vais toutefois continuer mon travail jusqu'à la fin par respect pour le MCO. Si les choses changent, je continuerai et ferai mon travail. Si ensuite, tout le monde ici est content de mon travail et le club veut que je continue pour la prochaine saison, je vous dirai comment voudriez-vous que je continue alors que c'est l'entourage qui fait le recrutement ? C'est incompatible.” Et de renchérir : “Avec ces conditions de travail, impossible que je continue. C'est clair, hier (NDLR mardi) j'ai fait tout le programme pour la séance, mais quand j'arrive au stade (stade Fréha-Benyoucef de St-Eugène, ndlr), on me dit ce n'est pas possible. Aujourd'hui (NDRL, mercredi matin), j'arrive à Zabana et vous voyez par vous-même (un employé de l'OPOW est en train de tondre le gazon). Avec ces conditions, le club n'est rien, il n'a même pas un terrain pour faire son travail convenablement, pas de douches, pas de département clinique pour parer à toute mauvaise éventualité. Mieux, même si on me paye quatre fois plus, jamais je ne continuerai.” Les joueurs menacent de faire grève face à Blida Dans le même ordre d'idées, les poulains de Gomès semblent eux aussi décidés à ne pas se laisser faire. Surtout, si le président Djebbari ne les régularise pas en tout début de semaine. Une réunion informelle a ainsi regroupé une demi-douzaine de cadres de l'équipe, mardi soir, pour préparer un plan d'action. “Nous sommes décidés à ne pas abdiquer cette fois-ci. La wilaya a dégagé deux milliards pour que les joueurs soient payés. Il faut donc que Djebbari nous paye. Sinon, soyez certain que nous ne jouerons pas face à Blida”, révélera à ce sujet un des concernés. Djebbari, qui sera de retour au pays dans 24 heures, aura, pour le moins que l'on puisse dire, du pain sur la planche. A. KARIM