Le nombre d'accidents et celui des victimes, blessées et décédées, font de l'Algérie le premier pays arabe à souffrir de la violence routière, comme l'a reconnu, hier, le directeur du Centre national de la prévention et de la sécurité routière. Les statistiques, établies par le ministère des Transports, font ressortir qu'en 2005, il y a eu 3 711 tués sur les routes. Ce nombre de victimes a connu une évolution de 11%, en comparaison avec l'année écoulée. Cette évolution intervient après le répit qu'a connu l'année 2004, date à laquelle est entré en vigueur le nouveau code de la route. La répression passée, les conducteurs sont revenus à leur négligence. Selon les normes reconnues au niveau mondial, la côte d'alerte est atteinte lorsqu'il y a trois décédés pour cent accidents de la route. Pour la même proportion, “en Algérie, il y a dix morts. C'est dire la gravité de la situation que vit le pays”. Cet appel urgent à la vigilance et à la prise de décision de la part des pouvoirs publics est de Messaoud Nacer Tahar, directeur régional de la circulation urbaine du ministère des Transports publics, exprimé hier à Alger, à l'occasion de la VIIIe Journée arabe pour la prévention routière. Notre pays détient ce triste record, selon Hadj Boutalbi, directeur du Centre national de la prévention et de la sécurité routière, en raison de l'évolution extrêmement rapide du parc automobile, estimé à cinq millions de véhicules, comparée à celle du réseau routier resté inchangé, à l'insuffisance du contrôle technique des véhicules, à l'inexistence d'autres moyens de transports tels que les rails, à la baisse de vigilance des conducteurs après 2004. “80% des transports en Algérie qu'il s'agisse de voyageurs ou de marchandises se font à travers les routes”. Ce qui, selon ce responsable, accentue la pression exercée sur le réseau routier déjà insuffisant. Pour sa part, le capitaine Achour Farouk, qui représentait la Protection civile lors de la conférence de presse d'hier, a tenu à dénoncer qu'à cause du manque d'éducation routière, les pompiers peuvent passer d'un “accident de la route à deux à trois autres sinistres à cause du comportement des conducteurs et des passants. Les passants qui s'arrêtent sur le bas-côté de la chaussée peuvent causer d'autres accidents”. Cet officier de la Protection civile dénoncera également le non-respect des usagers de la route de la bande réservée aux urgences : “Pour cela, nous avons entamé, à travers quatre wilayas, l'expérience des véhicules à deux roues, les motos, pour l'acheminement rapide des premiers secours aux blessés. Cette expérience va être étendue à l'ensemble du pays.” À cela, il faudra ajouter, comme l'a souligné Messaoud Nacer Tahar, l'insuffisance des structures hospitalières pouvant prendre en charge les blessés de la route : “Dans les accidents de la route, il est question de l'heure d'or durant laquelle il est vital de dispenser les premiers soins aux blessés et au-delà de laquelle il devient difficile d'intervenir. Chez nous, nous avons 0,5 chirurgien pour 50 000 habitants, ce qui est très insuffisant.” Samir Benmalek