Seize concurrents se disputent 8 sièges à l'assemblée populaire nationale. Qui raflera la mise des 8 sièges à l'APN mis en jeu à Mostaganem ? Au sein de l'ancien parti unique, la question ne mérite même pas d'être posée ! C'est une évidence ! Jovial et rayonnant, le Dr Attou, titulaire du 6e rang sur la liste, est intimement convaincu qu'il aura un siège à l'Assemblée nationale. Les fondements d'un tel optimisme, voire assurance, c'est Abdelhamid Si Afif, tête de liste et ancien député, qui s'en réjouit. Ils résident, selon ses propres dires, dans la qualité de la liste que l'instance centrale du FLN a élaboré pour Mostaganem. Une liste qui reflète la meilleure représentativité géographique, sociale et professionnelle, se vante-t-on. À cet élément, il y a lieu d'adjoindre la faiblesse des autres formations politiques en compétition. Une faiblesse ayant permis au FLN de retrouver sa verve et sa force percutante, pour paraphraser l'ancien protagoniste du mouvement de redressement au sein de son parti. Occultant superbement la dissidence et l'aile d'Ali Benflis, les flnistes semblent persuadés, voire convaincus de leur statut conjoncturel de cavalier seul. Seconde formation politique au sein de l'alliance présidentielle, le MSP, n'affiche pas autant de prétention. Cependant, on y parie pour au moins trois sièges. L'éphémère “bourrasque” ayant localement secoué le parti d'Abou Djerra Soltani, à propos de la tête de liste, relève désormais du passé. Un pari qui se fonde sur le choix des candidats et leur classement sur la liste. Une fois la reconduction pour un troisième mandat à l'APN du député sortant évacuée – sous la pression de la contestation bien sûr —, chaque région à fort potentiel électoral s'est vue hautement considérée par les stratèges du parti. Ainsi, la tête de liste, enseignant de son état, est retenue parmi la populeuse confédération des “Medjahers”. Le second rang est laissé à la région du Dahra et la troisième place cédée au chef-lieu de wilaya. Kacem Laïd, ancien magistrat reconverti en avocat et coordinateur de la wilaya du RND, qui mène la liste de cette formation politique, et qui semble avoir créé le vide autour de lui, selon ses propres camarades du parti, tient plutôt le discours des milieux du football. Bien sûr qu'il aurait aimé que le parti d'Ouyahia soit la première force politique à l'échelle de la wilaya. Tout ce qu'il espère, c'est que la concurrence soit loyale et que le jeu soit franc. Le mieux préparé sur le terrain gagnera la bataille, estime-t-il. Le coordinateur mise sur l'âge des candidats mais surtout sur leur niveau intellectuel, des critères qui ne rapportent pas gros, dans l'environnement électoral mostaganémois. À l'instar du MSP, le Parti du renouveau algérien, par la bouche de son coordinateur de wilaya et tête de liste, escompte trois sièges parmi les huit mis en jeu. Déçu aux deux législatives multipartistes de 1997 et 2002, Adda Benhallou, expert agronome de son état, énumère les arguments justifiant une telle ambition. Il évoque d'abord le renversement de vapeur au lendemain de la disqualification des concurrents indépendants. Au second plan, il y a l'effritement du trio de l'alliance, dont le départ en rangs dispersés n'en serait que profitable au PRA. Aux deux arguments essentiels, le major de la liste espère bien profiter du marasme régnant au sein des autres partis concurrents. Pourtant, le responsable local, membre fondateur de cette formation politique, croit sincèrement que c'est celui qui détient le monopole de l'organisation des élections qui aura le dernier mot. À El Islah de Boulehia, le meneur local de la bande politique islamiste, Brahim Belhamidèche, affirme ne pas vouloir se nourrir d'illusions. Il semble avoir mis une bonne dose d'eau dans son vin. Il ne veut pas avancer de pronostic. “El Islah respectera le choix du peuple et acceptera volontiers ce que lui réserveront les urnes”, nous dit le membre encore actif de l'APW. Les législatives 2007 figureront dans l'histoire politique locale comme ayant été une épreuve fatale et décisive pour le parti de Louisa Hanoune. Le choix, au niveau central, de la consécration de l'élément féminin sur les listes de candidature aux élections s'est traduit par une saignée massive, subitement décidée à Mostaganem. En effet, après s'être entêté à déposer une liste dont la composante était étrangère à la base militante locale, la réaction des responsables et des militants ne s'est pas faite attendre. Contre toute attente, et au comble de la désapprobation, Laïd Djerourou, responsable du parti et élu à l'APW, annonce la démission collective des militants, décidée au lendemain de la mise à l'écart de la liste proposée par les siens. Défrayant la chronique locale, la base militante du PT, forte de plus de 200 éléments, émigra collectivement vers un autre parti, celui du Dr Saïd Sadi. Une aubaine pour cette dernière formation politique. Avec deux élus à l'APW et plus d'une vingtaine d'éléments membres des APC, c'est un renfort consistant dont vient de bénéficier le RCD. Pour désamorcer la crise, Djelloul Djoudi, le numéro 2, porte-parole et chef du groupe parlementaire du parti, a été dépêché à Mostaganem. Ainsi, niera-t-il la démission collective. “Nous n'avons été destinataires d'aucune requête en ce sens !”, précisera-t-il au cours du point de presse tenu pour la circonstance. Il annoncera l'installation d'un nouveau bureau présidé par Ahmed Younsi en remplacement de Laïd Djerourou, dont “l'activité était gelée par l'instance supérieure du parti”. En tout état de cause, il serait fort curieux de s'interroger si la stratégie de parachuter une liste de candidats étrangers à la wilaya, pilotée par une femme, auprès d'une communauté à la mentalité peu tolérante à l'égard de la gent féminine, ne relèverait pas plutôt du suicide électoral ! À propos de la dite liste, confectionnée à partir d'Oran, dont la tête de liste, Mme Benyekhlaf Zarfa, intendante au CFPA d'Arzew, M. Djoudi a déclaré que son parti a été pris de court par le temps. Cependant, quoi qu'il en soit, “le PT conserve de fortes chances pour qu'il dépasse, et de loin, le nombre de 21 sièges, qu'il détient actuellement à l'Assemblée nationale”. Finalement, au lendemain de l'examen des recours, ce sont 7 partis et 10 groupes d'indépendants qui ont été déclarés hors-jeu. Des poursuites judiciaires dont faisaient objet certains candidats pour ne pas avoir satisfait aux critères et conditions réglementairement requis, les motifs des rejets sont divers. Du coup, à Mostaganem, la course à la députation n'est ouverte qu'aux partis seulement. Des 23 formations politiques prétendantes, il n'y aura que 16 concurrentes. Elles sont à peine une dizaine de candidates à avoir “infiltré” les seize listes de candidats alignés par les partis politiques qui animeront la course. Faisant fi du contexte social, de la mentalité et des us, la femme a été particulièrement honorée par le parti des travailleurs qui en a fait une stratégie nationale, en osant courir le grand risque d'une débâcle mostaganémois, et une autre formation politique jusque-là inconnue dans la wilaya et méconnue à l'échelle nationale, le Front national des indépendants pour la réconciliation en l'occurrence. Ainsi, Benyekhlaf Zarfa, une fonctionnaire d'Arzew, et la femme d'affaires Chérifa Belhamidèche, auront l'honneur de tester leur popularité en pilotant les listes desdits partis. Au FLN qui au titre du mandat expirant avait une représentante de Mostaganem, la femme a été alignée, cette fois-ci, au 8e rang du bataillon. Au RND, elle s'est arrachée la 7e place de la liste et le PRA a osé en faire un dauphin en l'intégrant au trio de tête. Moins bien lotie, la gent féminine a été totalement éliminée de la course par les partis islamistes. Selon les pronostics des uns et des autres, la wilaya de Mostaganem risque fortement de ne pas avoir de représentation féminine à l'assemblée nationale pour ce futur mandat. Les préoccupations sont ailleurs Dans la rue, à deux pas des QG des partis en lice, le commun des citoyens affiche une indifférence totale à l'égard des futures élections et de la campagne électorale. Les préoccupations demeurent ailleurs. Avec une pointe d'amusement parfois, les citoyens électeurs redécouvrent l'activisme accru et désordonné des partis soudainement réveillés de leur hibernation. “Je ne dispose même pas de carte d'électeur !”, nous dit Amine, la vingtaine, gardien de véhicules en stationnement aux alentours de la Cnas. Il ignore même de quelles élections il va s'agir bientôt ! à Mostaganem, en ville ou en rase campagne, au café ou au hammam, l'appréhension de ce jeune de Tijdit n'est point l'exception. En dehors de la sphère des “cimes” des listes et de ceux qui préparent – d'ores et déjà — les prochaines municipales, l'indifférence constitue la règle ! À quoi bon ! Semble crier le commun des citoyens, las d'attendre pour rien. Les prochaines législatives n'échappent pas à la désaffection populaire. Comme la nature a horreur du vide, les opportunistes et les partis politiques tentent de meubler le vide sidéral du débat politique par des promesses à l'emporte-pièce. Le foisonnement des listes de prétendants, partisans ou indépendants, est un indice probant de la faillite des partis mais aussi de ce sentiment largement partagé qu'un mandat de député vaut tous les sacrifices, aussi vils soient-ils… Après la bataille de la confection des listes, on se livre à celle de l'implantation au centre du chef-lieu de wilaya. Tous les prétendants veulent s'illustrer en accaparant l'espace à proximité immédiate de la permanence du redoutable député indépendant qui, à coup de boîtes de concentré de tomate et de livres de pois chiche distribuées aux démunis, avait entamé la campagne électorale bien avant l'heure, en ignorant qu'il allait être fatalement évincé de la bataille, aux ultimes délais impartis ! Le parti de Belkhadem s'y est installé en louant un café fermé que le propriétaire proposait à la vente. Le Parti du renouveau l'a devancé en s'installant dans une gargote désaffectée ! Bientôt s'ébranlera le folklore tapageur des cocktails de musique chaâbi, de chants patriotiques et de slogans abasourdissants à crever les tympans. Nettement moins que le scrutin des municipales, celui des législatives ne mobilise pas grand monde. Ceux qui font preuve d'activisme sont, soit candidats évidemment concernés par la députation, soit qu'ils préparent déjà les élections locales, notamment municipales. On prépare le retour d'ascenseur. Non pas que l'imminent scrutin présente un quelconque enjeu politique pour le pays d'abord, pour les formations politiques participantes ensuite, mais tout simplement pour les privilèges et le statut social qu'il confère aux heureux lauréats. Il y va de soit que le bouillonnement préélectoral qui s'enclenche, donnant l'illusion d'un semblant de décor d'une vie politique plate, voire inexistante, demeure stérile au plan du débat d'idées sur un quelconque projet de société, à même d'éclairer l'opinion. M. O. T.