Ce site de recasement où tentent de survivre plus d'une cinquantaine de familles démunies date de l'époque coloniale. Les enveloppes évaluées à 50 millions de centimes dont ont bénéficié les locataires dans le cadre de l'indemnisation des sinistrés du séisme du 21 mai 2003 n'ont servi qu'à son extension. Ettorfa est un de ces bidonvilles qui entourent la ville des Issers dont les autorités locales ont manifestement oublié l'existence, alors qu'il représente un réel danger sur tous les plans. Dans cette ancienne cité de recasement qui date de l'ère coloniale, les familles, pour la plupart démunies, sont entassées dans des pièces minuscules faites de parpaings et de tôles. Les rues impraticables et boueuses empestent car une des venelles qui divise ce bidonville en deux est traversée chaque jour par un troupeau de vaches. Le propriétaire, un paysan qui habite le bidonville, n'a d'autre itinéraire que ce passage. Les appels des habitants adressés à la mairie des Issers pour trouver une solution à ce problème sont restés lettre morte, tout comme les réclamations faites par les habitants pour l'installation de compteurs électriques. Les 50 bidonvilles sont raccordés illicitement par fils électriques entremêlés et traversant les quartiers. Ces câbles en forme de toiles d'araignées sont à la portée des enfants qui n'ont d'ailleurs aucun endroit pour jouer. Le danger est réel et omniprésent. L'autre péril qui guette les habitants est les MTH à cause de conduites d'eau potable en zinc entreposées à même le sol. Ettorfa dispose d'une petite école et d'une mosquée construite à la hâte. Devant le mur de l'école, un amas de détritus renseigne davantage sur l'état d'abandon d'Ettorfa par les autorités municipales. “Le maire est venu une seule fois ici, c'était lors des élections communales”, lance Ahmed, un père de famille qui se demande où sont les 80 milliards de dollars du pétrole qu'on n'arrête pas de balancer dans les discours. “Rien n'a changé pour nous depuis 1962 bien que les Issers se trouvent à 50 km de la capitale”, ajoute t-il. L'erreur des autorités locales est de ne pas avoir rasé ce bidonville d'autant plus que chaque famille a reçu une aide de 50 millions de centimes dans le cadre du soutien accordé aux habitations touchés par le séisme du 21 mai 2003. On aurait facilement pu construire une nouvelle cité avec tout cet argent qui, finalement, n'a servi qu'à ajouter des briques et des tôles à ces favelas. Comment les autorités ont-elles pu laisser échapper une si belle occasion pour se débarrasser de ce bidonville de la honte qui ternit la ville des Issers ? M. T.