Très réaliste, George Bush ne nie pas l'évidence. Il a surpris plus d'un en affirmant que si un institut de sondage lui avait demandé son avis fin 2006 sur ce qui se passait en Irak, il aurait aussi désapprouvé la tournure prise par les évènements dans ce pays. Changement de stratégie ou réalisme de rigueur chez le locataire de la Maison-Blanche ? La question mérite d'être posée parce que ses propos sur la guerre en Irak sont déconcertants. “Si j'avais été de ceux qui ont répondu à un sondage l'automne dernier, j'aurais dit que je désapprouvais ce qui se passait en Irak”, a affirmé George Bush. Ainsi, il se range, contre toute attente, du côté des mécontents sur cette question qui divise plus que jamais les Etats-Unis, comme le montre la bataille que se livrent démocrates et républicains au congrès. À travers sa déclaration, Bush semble dire aux Américains qu'il est à l'écoute et que lui aussi réclame davantage, et vite, de la part des Irakiens. Il faut dire qu'il s'agit là d'un nouvel aveu de sa part, car à l'automne dernier, le 25 octobre 2006, George Bush avait reconnu que la situation dans un pays menaçant de sombrer dans le chaos était “un sujet de grave inquiétude”, même s'il avait ajouté : “Absolument, nous sommes en train de gagner.” En conflit ouvert avec les démocrates au Congrès au sujet d'un calendrier de retrait des troupes exigé pour financer la guerre, Bush semble tempérer son ardeur. En effet, outre la pression exercée par les élus démocrates au Congrès, le nombre de mécontents de la guerre en Irak avoisine les 65%, soit 2 Américains sur 3. Face à ces développements, qui se répercutent négativement sur le parti républicain, surtout que l'élection présidentielle pointe à l'horizon, Bush a indiqué comprendre l'impatience des Américains. C'est une manière de reconnaître l'urgence de trouver une solution à ce qui se passe en Irak. Néanmoins, il sollicite toujours un délai dans l'espoir de voir sa nouvelle stratégie réussir. “Pourquoi ne pas attendre de voir ce qui se passe ? Donnons à ce plan une chance de marcher”, insiste-t-il. Devant l'ultimatum fixé par ses généraux, qui ont donné jusqu'en septembre pour juger du succès du plan, il admet tout de même que le temps presse. Dans l'espoir d'amadouer les élus démocrates, afin qu'ils débloquent les fonds pour financer la guerre en Irak, George Bush s'est déclaré ouvert à l'idée d'inscrire dans la loi de financement une obligation de résultat que devrait obtenir le gouvernement irakien. Le séjour qu'effectue depuis quelques jours au Moyen-Orient son second, Dick Cheney, atteste, on ne peut mieux, de la gravité de la situation. Le vice-président américain s'est chargé de secouer le gouvernement de Nouri al Maliki pour obtenir davantage de résultats sur le terrain, où la violence est monté d'un cran ces dernières semaines avec des pertes de plus en plus importantes au sein de l'armée américaine. K. ABDELKAMEL