L'impopularité du président américain, motivée par la guerre en Irak, a grandement influé sur les résultats du vote, qui a vu les républicains perdre entièrement la Chambre des représentants, ainsi que l'avantage au Sénat, et subir un camouflet dans le renouvellement des gouverneurs. Dès les premiers sondages réalisés à la sortie des urnes, les analystes ont conclu que les électeurs allaient sanctionner George Bush pour sa politique en Irak. En effet, six électeurs sur dix ont déclaré qu'ils désapprouvaient à la fois la conduite de la guerre en Irak, et plus généralement la politique du président Bush, condamné à deux ans d'une cohabitation inconfortable. Le politologue Larry Sabato, professeur à l'université de Virginie affirmera tout de go que les résultats sont : “Une réponse directe à l'impopularité du président Bush et à l'impopularité croissante de la guerre en Irak.” Darrell West, professeur à Brown University ajoutera : “Les gens en ont vraiment assez de Bush, veulent un changement de politique, et ont reproché aux républicains la mauvaise performance.” Pour le quotidien américain le New York Times, “il n'y a qu'une explication pour le patchwork de victoires à travers le pays qui ont donné aux démocrates le contrôle de la Chambre des représentants : un puissant cri de défiance à l'encontre la Maison-Blanche de Bush et contre la façon dont les républicains ont mené le Congrès”. Il ne manquera pas de rappeler la guerre en Irak qui a coûté la vie à plus de 2 800 soldats américains sans qu'une solution soit en vue, pour conclure : “Un gouvernement qui agit mal est supposé être sanctionné par les électeurs et ce gouvernement a mal agi de bien des façons.” Pour rappel, octobre a été l'un des mois les plus meurtriers pour l'armée américaine depuis l'invasion de mars 2003, avec plus de 100 soldats tués et une évaluation militaire confidentielle dit que le pays s'est rapproché du “chaos” durant le Ramadhan, alors que 20 autres soldats ont été tués depuis le début novembre. Quant à USA Today, le journal le plus vendu aux Etats-Unis, il estimera que “la coalition qui avait réélu le président Bush il y a juste deux ans et redonné confiance aux républicains au Congrès s'est brisée mardi sous le poids d'une guerre impopulaire, d'un malaise économique et d'une série de scandales”. En somme, tout le monde s'accorde à dire que la politique extérieure de l'Administration Bush, notamment la guerre en Irak, est la cause directe de la déroute républicaine dans ces élections à mi-mandat présidentiel. George Bush, qui a dirigé les Etats-Unis pendant six ans avec une majorité républicaine acquise à sa cause malgré les réserves des derniers mois, et même avec un Parlement rallié derrière lui presque comme un seul homme pendant plusieurs mois après les attentats du 11 Septembre, a été affublé du titre de “canard boiteux” pour la suite de son mandat. Cette étiquette est celle dont les observateurs anglophones affligent les dirigeants voués à l'inaction dans l'attente d'être remplacés. “Avec une Chambre des représentants démocrate, il est un canard partiellement boiteux ; avec les deux Chambres démocrates, il est un canard complètement boiteux”, disait au sujet de Bush, l'expert politique Larry Sabato juste avant les élections. Nancy Pelosi, appelée à devenir la première femme présidente de la Chambre des représentants lorsque le 110e Congrès des Etats-Unis se réunira, en janvier prochain, n'a laissé plané aucun doute sur les intentions des démocrates en annonçant : “Aujourd'hui le peuple américain a voté pour le changement et voté pour que les démocrates entraînent notre pays dans une nouvelle direction. C'est exactement ce que nous avons l'intention de faire.” L'avenir de George Bush à la Maison- Blanche s'annonce très difficile. K. ABDELKAMEL