Les incidents se propagent comme un feu follet à Karachi, la capitale économique et plus grande ville du Pakistan, entre partisants et opposants du pouvoir. Les manifestations, de plus en plus meurtrières, se concentrent dans le centre de la ville et aux alentours de l'aéroport international pour faire la une dans les médias étrangers. Le Pakistan est plongé dans une crise judiciaire et politique depuis la décision prise le 9 mars dernier par le président Musharraf de suspendre de ses fonctions le président de la Cour suprême, Iftikhar Mohammed Chaudhry, accusé “d'abus de pouvoir”. Toutefois, les détracteurs du général-président expliquent que le chef de l'Etat, avec ce limogeage, a voulu écarter une personnalité jugée trop indépendante. Selon eux, Musharraf craignait que la Cour suprême ne bloque son projet de briguer un nouveau mandat présidentiel de cinq ans en fin d'année. Le président de la Cour suprême s'est, en effet, déclaré opposé à toute révision constitutionnelle dans ce sens. Depuis plus de deux mois, des manifestations de soutien au juge limogé sont organisées à travers le pays par des associations de magistrats et par l'opposition, notamment islamiste, qui accuse le président de collusion avec l'Occident. Face à la montée en puissance des manifestations anti-Musharraf, les partis progouvernementaux ont été sommés de passer à la contre-offensive. Les incidents ont éclaté à Karachi alors que les manifestants pro-Musharraf avaient installé des barrages pour empêcher les partisans de l'opposition d'aller accueillir le président suspendu de la Cour suprême, Iftikhar Mohammed Chaudhry, à l'aéroport de Karachi. Le bilan des violents affrontements à Karachi s'est alourdi et le calme est toujours précaire. Les responsables hospitaliers faisaient état de 36 morts. Musharraf doit essuyer, dans le même temps, le courroux de ses alliés américains qui déclarent ouvertement être insatisfait par son laxisme dans la guerre contre le terrorisme. D. B.