Le spectre de l'abstention dans les circonscriptions électorales urbaines préoccupe le RND. Le parti a opté pour des rencontres directes avec les citoyens pour renverser la tendance en faveur du vote massif. “Le début de campagne a été plutôt froid et timide, car, au départ, elle n'a concerné que les militants à cause des problèmes ayant surgi autour des listes électorales. Mais au fur et à mesure que les responsables du parti s'impliquaient davantage, l'intérêt des citoyens est allé crescendo”, a soulevé Abdesslem Bouchouareb, chef de cabinet de Ahmed Ouyahia et député sortant non candidat pour un nouveau mandat. Il a indiqué que le secrétaire général du parti a animé pas moins de 46 meetings, dont cinq avant l'ouverture officielle de la campagne électorale, le 26 avril dernier. Les autres cadres et candidats du parti ont axé leurs efforts d'explication du programme et des idées portées par le Rassemblement dans les daïras et les communes. La mission de couvrir les localités des deux principales villes de la Kabylie (Tizi Ouzou et Béjaïa) a été assignée à M. Bouchouareb pour sa connaissance du terrain. “J'ai tenu des conférences-débats dans des villages où aucun meeting n'a été organisé depuis longtemps, comme El-Kseur”, a-t-il précisé. De son avis, la présente campagne est nettement plus intéressante que celle de 2002. “Cette fois-ci, il y a eu une multiplication des listes. Dans certaines wilayas, une trentaine a été déposée. C'est ce qui explique la dispersion des citoyens entre les différents meetings”, a-t-il affirmé. Il a reconnu, comme d'autres acteurs politiques, que le risque d'abstention sera certainement plus grand dans les villes du Centre, dont la capitale, qui compte le plus important gisement d'électeurs avec 1 670 000 personnes inscrites dans le fichier électoral. “Je préfère, quand même, ne pas trop m'avancer sur la décision et le choix du citoyen”, a-t-il conclu prudent. Pour renverser la vapeur en faveur du vote massif, notamment dans la capitale, le parti a opté pour la stratégie de la campagne de proximité. Il a mis à contribution des militants de base, pour faire le forcing sur les associations de quartier, et élargir par là même l'adhésion autour des candidats du parti. À trois jours de la clôture de la campagne pour les législatives, le candidat tête de liste RND à Alger, Abdelkrim Harchaoui (ancien ministre des Finances et député sortant) et son outsider Seddik Chiheb (ex-sénateur), mettent au point le programme des dernières sorties dans les rues de la capitale. “J'avoue que j'étais agréablement surpris par l'accueil qui nous a été réservé par la population”, a confié A. Harchaoui. Le principe des rencontres directes avec les citoyens a été suivi pour briser l'image peu attractive que donnaient jusqu'alors les candidats à la députation à des électeurs des circonscriptions urbaines de plus en plus réfractaires à l'acte de voter. Un comportement conforté par des discours électoraux, souvent en total déphasage avec la réalité du terrain. “Je regrette qu'il n'y ait pas de sondages qui auraient donné une idée sur le poids de chaque parti et les intentions de vote. L'absence d'un centre d'observation neutre a fait aussi que des chefs de parti font des déclarations fantaisistes, parfois ridicules, pensant que l'opinion publique est naïve et est prête à avaler n'importe quelle couleuvre”, a soutenu notre interlocuteur. Il a signalé que la plupart des animateurs des meetings focalisaient sur la manière de faire profiter les Algériens de l'aisance financière du pays. “Cette façon de penser doit évoluer. Nous ne tirons pas des leçons des expériences passées (choc pétrolier de 1986), qui ont généré une crise politique et sécuritaire grave”, a-t-il mis en garde. Il a l'espoir, malgré tout, que le jour du scrutin, les bureaux de vote connaîtront une affluence considérable. Souhila H.