Journée morose, Alger est déserte, ville fantôme en ce jour de vote. Les bureaux sont tristement vides aussi, aussi vides que les rues de la capitale. Un petit tour du côté de l'ANR qui participe pour la première fois à une élection avec comme originalité une coordination des démocrates qui s'est concrétisée pour une fois depuis la naissance du multipartisme, après un premier acte, les listes communes avec l'UDR de Amara Benyounès. À Ben Aknoun, où est situé le siège national de l'Alliance nationale républicaine, on trouve un peu de mouvement, mais les électeurs ne se bousculent pas devant les bureaux de vote. Des jeunes vaquent à leurs occupations en ce jour “férié”, le regard loin des urnes. Ça ne les intéresse pas d'aller voter. “À quoi ça sert de voter ?” dit un jeune devant un arrêt de bus, non loin du siège de l'ANR. La tendance s'est comme propagée un peu partout à travers tous les quartiers d'Alger. Les échos réguliers font état d'un taux de participation trop faible. Au siège de l'ANR, il n'y a pas foule. Des téléphones sonnent, encore des échos, parfois fantaisistes, optimistes, pessimistes. De tout. Dans son bureau, M. Omar Lounis, vice-président de l'alliance et numéro 2 de la liste commune avec l'UDR, prend la température des régions. Des pourcentages tombent. Invérifiables. Les autres membres du parti sont sur le terrain. Le président M. Rédha Malek a voté tôt le matin à Alger-Centre. Il viendra peut-être au siège. M. Lounis reconnaît que le taux de participation est “timide”. Il expliquera cette frilosité par l'impact des derniers attentats terroristes sur les citoyens qui redoutent d'autres suite aux menaces du GSPC. Cette situation est, selon lui, compréhensible et quelque peu attendue. D'autres informations arrivent des régions. La situation n'évolue pas. Rien n'indique que cela changera. Le vice-président du parti reviendra sur certains incidents qui ont émaillé le scrutin. Des bulletins ont été trouvés dans les urnes avant le début du scrutin dans un bureau à Alger et dans un autre à Rouiba. Evidemment, ces informations sont à prendre au conditionnel. Les journalistes ont eu également leur part de désagréments. Des policiers en charge de la surveillance des bureaux de vote et des présidents de bureau leur ont refusé l'accès. Cela participe, selon notre interlocuteur, de la pression exercée sur tout le monde. Le premier responsable de la commission de wilaya de surveillance a menacé par deux fois de démissionner suite à ces pressions. “C'est de l'excès de zèle”, dit-il à regret. Des raisons ont été inventées pour empêcher les gens de faire leur travail. Comme l'exigence du cachet de la DGSN sur les badges des journalistes pour pouvoir accéder dans certains bureaux de vote. Ces difficultés qui rappellent un autre temps participe à la désaffection des électeurs qui ont constaté qu'il n'y a aucun changement. Evidemment, c'est le camp démocratique qui “trinque”. Malgré cela, M. Lounis garde son optimisme. Non pas pour gagner dès cette première participation les élections, mais pour donner un contenu “matériel” à la coordination, premier jalon vers la construction du grand parti démocratique et républicain. Et leur voix dans l'hémicycle, aussi moindre soit-elle, est souhaitée. Il appellera les électeurs à “résister” par l'acte de voter. “Voter, c'est faire acte de citoyenneté en réaction aux attentats des forces rétrogrades”, dit-il ajoutant qu'“à l'étape actuelle, aller voter est un acte de résistance”. La coordination aura ainsi vécu sa première expérience électorale avec une certaine “fièvre”, mais sans vraiment attendre une quelconque sanction des urnes, bonne ou mauvaise. Parce que, comme l'avaient souligné MM. Benyounès et Malek, l'objectif n'est pas dans cette élection, mais la construction de ce pôle qui est réclamé par un large pan de la société, ce grand parti ouvert à tous les démocrates républicains. Djilali B.