La grosse abstention semble être une dure leçon adressée par les électeurs à la société politique. Tizi Ouzou semble ne pas être concernée par les législatives. les centres et bureaux de vote ouverts dès les huit heures du matin sont restés désespérément vides durant toute la journée. Tôt le matin, les rues de la ville offraient le spectacle que l'on pouvait constater un jour férié. La circulation est fluide et rares sont les citoyens qui sont dans la rue. La journée fériée pour beaucoup de fonctionnaires est une journée de repos. Le vote? Pas un citoyen questionné n'a montré quelque intérêt, bien au contraire. Dans les villages c'est à peu de chose près la même atmosphère. Ainsi à Maâtkas, à Aït Zmenzer, à Draâ Ben Khedda ou encore Tirmitine et ailleurs, le spectacle est quasiment le même. La chose semble entendue. Lors de notre tournée dans certains bureaux, on a rencontré des responsables de centre assez nerveux: dans une école de Tizi Ouzou, on nous dirige gentiment vers le centre de presse de la wilaya le seul habilité à donner des renseignements. Dans les villages, on a rencontré des citoyens; pour tous, le vote n'est pas à l'ordre du jour. Ainsi, Ammi Salem de Maâtkas dira: Aller voter et pourquoi donc? Pour élire des personnes qui apparemment, ne cherchent que des postes d'emploi? De fait, cette importante abstention semble être un désaveu du politique et les partis se doivent de prendre en considération ce message lancé par la population. Il leur faudra, soit changer le fusil d'épaule et prévoir une autre façon de faire de la politique, ou alors essayer de voir une autre manière de parler aux électeurs. Cette désaffection est, certes, attendue avec la campagne électorale des plus moroses que le pays a connues depuis l'indépendance, exception faite des scrutins qui se sont déroulés en Kabylie sous le Printemps noir. Cette fois, il semble que le peuple s'est pris en charge, et uni sans concertation aucune, il a renvoyé dos à dos, tous les partis, aussi bien, les nationalistes que les démocrates. Le message semble des plus clairs. Le temps des cerises est arrivé et les forces en présence se devront donc désormais, de revoir leur stratégie. Si les hommes évitent de se rendre aux urnes, les femmes elles, de leur côté, ne semblent guère avoir opté pour une forte participation. Rencontrées dans un village, des vieilles femmes, appelons les Nna El Djoher et Nna Ouerdia, disent que pour elles le vote ne changera rien alors pourquoi se faire de la bile? Durant la matinée et au niveau du centre de presse de la wilaya, le chiffre de participation pour la vacation de dix heures, affiché, proclame: 02,18% pour la wilaya, le centre de vote le plus faible étant celui de Maâtkas avec 4,93% et le plus fort étant celui de Zekri, une commune éloignée du chef-lieu de wilaya d'environ 70km à l'est, qui affiche un taux de 06,06. Mechtras dans le sud de la wilaya, affichait pour dix heures 04,25% et Boghni, le chef-lieu de daïra a atteint en matinée le taux de 03,12%. Vers quatorze heures et toujours au niveau du centre de presse, le taux affiché est de 08,96%. A souligner que lors de nos tournées, dans les centres et bureaux de vote, seules les personnes âgées étaient présentes, Approché, un vieux qui déclare être un retraité, avoue avoir voté par peur, car on lui aurait affirmé que les personnes qui n'auront pas voté verraient leur pension suspendue. Encore un travers de certains citoyens peu scrupuleux et qui se font un malin plaisir à effrayer les petites gens. Comme on a remarqué l'absence de contrôleurs de certains partis politiques notamment, les petites formations qui semblent avoir raté le coche. En effet, ces forces, qui reviennent sur la scène uniquement à la faveur des élections, semblent devoir et à partir de dorénavant, devant cet échec cinglant, revoir leur copie. De toute façon, une chose est certaine, les partis ne sont plus ces relais et leur place est désormais à rechercher. Autrement dit, il y a encore du pain sur la planche pour tous, administration, forces politiques et candidats éventuels, pour que la confiance revienne.