Pour le département de Mohamed Bedjaoui, “ce n'est rendre service ni à la justice ni à la liberté d'informer que de sortir cet incident de son contexte et de lui donner des dimensions qu'il n'a manifestement pas”. Le traitement médiatique réservé à l'affaire des deux agents travaillant au consulat d'Algérie à Alicante, en Espagne, et arrêtés il y a quelques semaines par la police ibérique semble avoir pris des proportions qui ont amené le ministère des Affaires étrangères à réagir de façon à remettre les pendules à l'heure, dans une affaire pourtant banale, mais qui a fait couler beaucoup d'encre, notamment chez certains organes de presse étrangère. Cette “mise au point” tente ainsi de remettre les faits rapportés à leur véritable dimension, car pour le département dirigé par Mohamed Bedjaoui, “des organes de presse étrangers connus pour leur hostilité systématique” à l'égard de l'Algérie “se sont livrés à des interprétations fantaisistes et totalement infondées” de ces interpellations. Cependant, il se trouve, selon toujours le MAE, que des titres de la presse nationale, “dont la bonne foi a pu être surprise, ont malencontreusement amplifié certaines des allégations irresponsables colportées par leurs confrères étrangers”. Si le MAE ne cite, dans sa mise au point, aucun de ces organes accusés d'avoir amplifié les faits afin de tenter de porter atteinte à l'image de l'Algérie, il s'agit, selon toute vraisemblance et principalement, de la presse marocaine qui s'est saisie de cette affaire pour dénigrer l'Algérie, allant jusqu'à lier les activités du réseau démantelé à l'organisation terroriste al-Qaïda. Chose que même la Guardia civile, la police espagnole qui a mené l'opération et rendu publique l'information à travers un communiqué, n'a pas avancée puisqu'elle a précisé que les arrestations ont ciblé un réseau de “délinquants”. Il faut ajouter à cela le fait que parmi les 25 personnes arrêtées il y a, outre les deux Algériens, des Marocains, des Sénégalais, des Roumains, des Espagnols et des Equatoriens. Le réseau était spécialisé dans l'établissement de faux documents à des personnes issues de l'immigration. C'est dans ce contexte donc qu'intervient cette réaction du ministère des Affaires étrangères qui tient d'abord à préciser que l'arrestation des deux ressortissants algériens a été opérée par la police espagnole contre un groupe “d'auteurs présumés de plusieurs actes pénalement répréhensibles” composé, comme indiqué plus haut, de ressortissants de plusieurs nationalités. Le MAE tient également à apporter des précisions quant au statut de ces employés du consulat. Les deux Algériens arrêtés sont des “employés contractuels recrutés localement par le consulat, qui assurent des tâches d'exécution et n'exerçant pas de responsabilités en matière de prestations administratives et consulaires”, note le MAE. Par conséquent, il ne s'agit pas de fonctionnaires de l'Etat bénéficiant du statut diplomatique comme avait été rapporté par certains titres de la presse étrangère. Le MAE précise aussi qu'“aucun préjudice, de quelque nature que ce soit, n'est intervenu dans le fonctionnement” du consulat concerné. “Plus précisément, ajoute le MAE, le consulat n'a constaté aucune prestation irrégulière ni aucune falsification de documents algériens détenus par ses services, y compris les passeports qui sont délivrés par des fonctionnaires dûment habilités et en application de procédures rigoureuses, aux ressortissants algériens légalement établis dans la circonscription consulaire”. Par ailleurs, le département de Mohamed Bedjaoui fait remarquer que les deux employés algériens “bénéficient de la présomption d'innocence jusqu'à ce que leur culpabilité éventuelle ait été dûment établie”, tout en affirmant que le magistrat instructeur espagnol aurait abandonné les chefs d'accusation de faux et usage de faux initialement portés contre eux. Enfin, pour le MAE, “ce n'est rendre service ni à la justice ni à la liberté d'informer que de sortir cet incident de son contexte et de lui donner des dimensions qu'il n'a manifestement pas”. Hamid Saïdani