Au moment où des milliers de terroristes, égorgeurs de femmes et d'enfants, sont élargis et d'autres amnistiés revenus au pays avec les honneurs, l'Algérie, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a interpellé hier la communauté internationale sur l'urgence d'une convention globale de lutte contre le terrorisme. S'exprimant lors du débat de la 61e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le chef de la diplomatie algérienne va même jusqu'à féliciter « la prise de conscience de la communauté internationale de la gravité de la menace que fait peser le terrorisme sur la paix et la sécurité mondiales », tout en rappelant que l'Algérie a « souffert de la violence terroriste, dans l'indifférence des uns et des autres ». Mieux, M. Bedjaoui, en véritable éradicateur, a estimé que « le monde d'aujourd'hui est plus que jamais confronté à des menaces multiples, aussi périlleuses les unes que les autres, qui doivent être appréhendées de manière cohérente afin de mieux cerner leurs causes profondes et permettre de mener une action déterminée, en vue de leur élimination durable ». Ce discours s'oppose totalement à la politique de pardon menée par Bouteflika pour mettre un terme à la folie meurtrière des groupes islamistes armés. Une politique qui a permis à des sanguinaires de se retrouver en liberté et à leurs idéologues d'occuper la scène médiatique, sans que justice ne soit rendue à leurs milliers de victimes. Peut-on accorder donc de la crédibilité à de tels propos, surtout que le chef de la diplomatie algérienne a abordé dans son discours, la question lancinante de la définition du terrorisme et « la nécessaire distinction entre les actes perpétrés par des individus ou des groupes terroristes et le droit légitime des peuples à la lutte contre l'occupation étrangère pour éviter l'amalgame qui est fait entre ce fléau et une religion, une civilisation ou une sphère géographique données ». Par ailleurs, sur le volet consacré au contexte dans lequel intervient la célébration du 61e anniversaire de l'ONU, M. Bedjaoui a relevé que « les peuples ont voulu espérer que cette célébration générerait un ressourcement salutaire dans les buts et principes de la charte, ainsi qu'une refondation du projet dont elle est porteuse (...) Alors que l'Organisation des Nations unies poursuit l'accomplissement de sa vocation à l'universalité en accueillant en son sein un nouvel Etat membre, le Monténégro, avec lequel l'Algérie travaille à une coopération multiforme, les fondements essentiels de notre institution sont mis à rude épreuve, une fois de plus, par les graves développements de la situation au Moyen-Orient, avec des déferlements de violence contre les peuples palestinien et libanais frères. Par leur contexte, leur envergure et l'ampleur de leurs conséquences sur différents plans, ces agressions sont le témoignage accusateur des limites imposées à l'autorité des Nations unies face à des situations conflictuelles qui heurtent leur raison d'être elle-même ». Le ministre a rappelé qu'il est temps pour la communauté internationale d'appréhender le conflit du Moyen-Orient dans toutes ses dimensions et ses exigences et d'aller résolument dans le sens de la légalité internationale en mettant en oeuvre une paix juste, globale et durable du conflit. A propos de l'Irak, Mohamed Bedjaoui a rappelé « l'insécurité et l'instabilité qui persistent dans ce pays avec leur rançon quotidienne en lots considérables en pertes humaines et noté que « la mise en place d'un gouvernement d'union nationale et l'option déclarée de celui-ci pour une réconciliation nationale inclusive, constituent des premiers pas dans la bonne direction ». Le ministre a déclaré au sujet du Sahara-Occidental que ce pays « est le dernier territoire qui reste à décoloniser en Afrique, le peuple sahraoui est toujours privé de son droit inaliénable à l'autodétermination, consacré par la Charte et les résolutions pertinentes des Nations unies ». Il a estimé, à cet égard, « qu'aucune évolution positive n'a été enregistrée, en raison du rejet du plan de paix proposé par M. James Baker, par l'une des deux parties au conflit et de sa volonté de préjuger, à son avantage, du statut définitif du territoire qui ne pourrait résulter que d'un référendum d'autodétermination », précisant que l'Algérie « qui n'a aucune revendication sur ce territoire et n'est pas partie prenante à ce conflit, dont les deux protagonistes sont désignés par la communauté internationale comme étant le Royaume du Maroc et le Front Polisario, a pris acte de l'adoption, à l'unanimité, par le Conseil de sécurité, de la résolution 1675 de 2006 dans laquelle est réaffirmé le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ». L'Algérie, a t-il noté « ne cessera pas de soutenir les efforts tendant à permettre au peuple sahraoui d'exercer souverainement son droit à l'autodétermination dans des conditions incontestables de liberté et de régularité ». A propos de la réforme de l'ONU, le chef de la diplomatie algérienne a estimé ,qu'elle a mis en relief, tout en précisant que l'objectif recherché « étant qu'à travers une réforme globale, le Conseil devienne plus représentatif dans sa composante et plus transparent dans son fonctionnement ». Sur le chapitre consacré à l'armement nucléaire, Mohamed Bedjaoui a réitéré la « préoccupation légitime de l'Algérie devant l'impasse du processus multilatéral de désarmement et les dissensions que l'objectif de non-prolifération des armes de destruction massive occasionne ici et là », affirmant plus loin que « le désarmement doit être général et complet sous un contrôle international efficace et que les pays qui ont volontairement renoncé à l'option nucléaire militaire sont en droit d'obtenir des garanties de sécurité et un accès libre et sans discrimination à la technologie nucléaire à usage pacifique ».