Le porte-parole du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) semble déceler comme un lien de cause à effet entre le fort taux d'abstention des législatives du 17 mai dernier et le cheval de bataille autonomiste. Dans une conférence de presse animée, hier, à Tizi Ouzou, Ferhat M'henni affirme que la Kabylie, “qui ne cesse de plébisciter l'option d'une solution d'autonomie régionale qu'elle réclame pour elle-même depuis six ans, en refusant de se rendre aux urnes à toutes les élections qui se sont déroulées depuis le Printemps noir, considère ces législatives comme nulles et non avenues”. M. M'henni, qui se félicite que la Kabylie ait boudé massivement le scrutin législatif, note une nouveauté dans les consultations électorales : le fort taux d'abstention à l'échelle nationale. Ce qui, à ses yeux, “tendrait à noyer la Kabylie qui n'aurait plus de spécificité politique à faire valoir sur le reste du pays”. L'abstention “nationale” ne peut être assimilée à celle de la Kabylie, “où le geste citoyen est porteur d'un projet politique exprimé et assumé collectivement”, tente-t-il de philosopher dans une sorte de politique-fiction. L'ancien chanteur du groupe Imazighen Imula considère que la Kabylie, “soumise depuis 1963 à une politique de dépersonnalisation et de destruction menée conjointement par le régime et l'islamisme, a intérêt à ramasser ses forces et ses enfants pour, dans un premier temps, résister puis construire l'avenir qu'elle mérite”. Pour Ferhat, le fort taux d'abstention appelle une autre solution : une large autonomie pour la Kabylie. Car, M'henni ne voit que deux conceptions de l'avenir en Kabylie : celle des partisans de la solution électorale et celle du MAK. Y. A.