RESUME : Abderrahman accepte ses conditions, à la surprise de Aziza. Il l'emmène à la station-service et lui montre sa chambre à l'arrière d'un magasin. Aziza se rend présentable. Elle a conscience qu'il vient de lui sauver la vie… - Houria ! crie Abderrahman en invitant Aziza-Zizou à entrer dans le salon. Zizou est ici… - J'arrive… Aziza-Zizou attend que son patron l'invite à s'asseoir. Sa femme, petite et ronde, entre dans le salon. Elle a un sourire en la voyant. - Sois le bienvenu, mon garçon ! Moi, c'est Houria, dit-elle en tendant la main. Et toi, tu es le nouvel employé ? Elles échangent une poignée de mains. Aziza-Zizou s'assoie en face de son patron. - Si on ne passe pas à table, maintenant, tu pourrais nous servir une limonade ? - Le déjeuner est prêt, répond-elle. Vous pouvez passer à table… Aziza-Zizou suit Abderrahman dans une autre pièce, la salle-à-manger qui donne sur un salon. Elle a l'impression de rêver. Depuis qu'elle s'est accrochée avec ce vieux, la chance semble lui sourire. L'intervention de Abderrahman, sa proposition en or, tout cela n'est pas arrivé par hasard. Si la chance ne s'est pas intéressée à son cas, elle serait encore en train de chercher un coin tranquille et de fouiller dans les poubelles pour se nourrir. Apparemment, la chance a eu pitié d'elle. - Sers-toi Zizou, lui dit-il. Et bon appétit ! Aziza-Zizou mange de tout et avec appétit. Il y a si longtemps qu'elle n'a pas mangé de si bons plats chauds. - Tu devrais y aller doucement, lui conseille Abderrahman. Tu pourrais avoir une indigestion ! Va marcher un peu... - Oui, vous avez raison, dit Aziza-Zizou en se levant. Je vais me familiariser avec le quartier… Alors qu'elle s'apprête à quitter la table, il lui demande d'attendre. - Houria ! Sa femme les rejoint. - Que manque-t-il dans la chambre de l'arrière-boutique ? - Du magasin ? Oh, rien… Je lui apporterais le nécessaire tout à l'heure, répond-elle. Mais tu devrais lui donner une avance, il a besoin d'une tenue de travail et je ne sais quoi encore ! Abderrahman sort quelques billets et les donne à Aziza-Zizou. - C'est trop, dit-elle. La moitié devrait suffire ! - Tu me rendras la monnaie, réplique Abderrahman. Allez, bon vent ! Aziza-Zizou ne tarde pas à quitter la maison. Pour la première fois depuis qu'elle s'est retrouvée livrée à la rue, elle ressent de la joie. Un regard vers le magasin de pièces l'aide à réaliser qu'à partir de ce soir, elle ne dormira plus sur un carton, dans un coin, avec la peur au ventre mais dans une chambre bien à elle. - Mon Dieu, donnez-moi la force de ne jamais me trahir ! Personne ne doit se douter qu'elle est une jeune fille. Son allure trompe l'œil et elle devra rester distante et ferme avec ses collègues. Ils sont nombreux. Alors qu'elle traverse la station-service, elle entend les commentaires. - C'est lui, le nouveau ! - On dirait une fille manquée, ajoute un autre. Qu'est-ce qu'il pourra faire de plus que nous ? - Le patron est aveugle ou quoi ? Regarde ses mains ! Elles sont trop fines pour résister au travail et au cambouis ! Aziza-Zizou, piquée, se tourne vers eux, les sourcils froncés, prête à aller vers eux s'ils la regardent. Mais ils baissent les yeux et se détournent, sentant “qu'il” est bagarreur ! Elle soupire de soulagement. Elle aurait été tournée en ridicule si elle avait eu à les affronter. Et puis, son patron ne l'aurait pas vu d'un bon œil. Il pourrait même revenir sur sa décision. Non, elle ne veut pas jouer avec sa chance. Personne ne peut le savoir… ADILA KATIA (À suivre)