Son ancien aide de camp le présente comme un homme hors du commun, insaisissable et prêt à tout pour ne pas tomber dans les mains de l'ennemi. Saddam réapparaît et crève les écrans de télévision. Il aura attendu l'annonce de la prise de l'aéroport de Bagdad pour sortir dans les rues de sa capitale. Une manière de démentir les rumeurs, toutes les rumeurs circulant à son sujet. C'est aussi la méthode choisie par le maître de Bagdad pour, à la fois, défier les Américains qui s'annoncent aux portes de la ville et narguer Bush qui compte sur sa reddition. Pendant ce temps, le Pentagone annonce la découverte sur le corps d'un officier supérieur irakien, présenté comme étant un général, tué par une des patrouilles militaires américaines, de documents contenant des numéros de téléphone confidentiels, dont ceux du président. Depuis, des tentatives d'entrer en contact avec Saddam Hussein en personne sont entreprises dans l'objectif de le persuader de déposer les armes. Des indications et des détails n'ont pas été fournis sur les résultats de cette opération destinée beaucoup plus à faciliter aux coalisés la prise de Bagdad et à déstabiliser davantage le régime irakien qu'on dit en perte de vitesse. L'Administration Bush utilise tous les moyens pour boucler rapidement la guerre et passer à l'étape suivante, plus importante apparemment pour les Etats-Unis. La mort du général irakien a-t-elle un lien avec “la balade” du président irakien dans les rues de la capitale ? Possible. Le maître de Bagdad cherche-t-il à montrer qu'il est insaisissable ? Il semblerait qu'il est partout et nulle part à la fois. Chose confirmée par un de ses anciens lieutenants, aujourd'hui en fuite, le général Nezzar El-Khazradji. Ce dernier s'est réfugié au royaume du Danemark, avant de disparaître dès le début de l'opération “Liberté pour l'Irak”. Cet ancien homme de main de Saddam pendant trois décennies, de son propre aveu, estime que la découverte du raïs est une mission quasi-impossible, tant le maître de Bagdad est un “génie” dans la gestion de sa propre sécurité. Il atteste dans une déclaration à un journal arabophone basé à Londres que seules deux personnes connaissent les secrets du président. Il s'agit de son fils Qossaï et de son secrétaire particulier et parent, le général Abd Hamoud. Celui-ci serait l'homme à tout faire de Saddam. El Khazradji qualifie celui qu'il a servi pendant de longues années, notamment lors de la première guerre du Golfe, d'“homme sortant de l'ordinaire, très patient dans les moments de crise, résolu, adorant relever les défis et la confrontation”. Un portrait psychologique qui justifie et explique la détermination du président irakien à affronter les coalisés, faisant du coup souffrir son peuple. Saddam Hussein change constamment de résidences, notamment en période de crise, a précisé le général en fuite, qui ajoute que lorsqu'on le croit dans un de ses palais, il se réfugie dans un simple appartement en ville ou dans un abri sous un des jardins des habitations de particuliers. Une manière de brouiller les pistes à ses ennemis. Son ancien “boy” affirme que le raïs n'utilise jamais le téléphone quand il veut recevoir quelqu'un. Il le fait amener, précise-t-il, par un membre de sa garde rapprochée. L'espoir caressé par Bush de voir Saddam capituler relève de l'utopie, de l'avis de tous ceux qui ont approché le président irakien. Ils sont catégoriques que Saddam “combattra jusqu'au dernier souffle et se suicidera dès que l'ennemi sera proche de lui”. Ce scénario se concrétisera-t-il ou le chef de l'Etat irakien faussera-t-il tous les calculs en utilisant un de ses trois sosies ? K. A. / M. A. O.