Saddam promettait l'enfer, devant les portes de Bagdad, aux Américains. Ils ont été accueillis par des scènes de liesses. Essahaf, le ministre irakien de l'information, a finalement mené tout le monde en bateau. La garde républicaine et les fidayines de Saddam, disait-il, réservaient aux Gi's, aux portes de Bagdad, un triste sort. Rien de tout cela, la capitale irakienne tombe presque sans violence le 9 avril 2003 entre les mains des Américains. Tout le monde a cru, sous les coups d'un extraordinaire matraquage médiatique, que le dictateur de l'ancienne Mésopotamie gardait toujours de beaux restes. On lui prêtait la qualité de fin tacticien de guerre. On disait même qu'il tendait un piège mortel aux Américains : 60 000 hommes de la Garde républicaine, 20 000 des forces spéciales prêts à sacrifier leur vie pour Saddam, 6 000 volontaires arabes et 40 000 fidayines attendaient l'armée de George Walker Bush. En vain. Ces forces belliqueuses s'étaient évanouies dans la nature. Les Gi's n'ont rencontré que peu de résistance. Après 21 jours de guerre, aucune structure du régime irakien n'était encore opérationnelle. La pluie de bombes qui s'étaient abattues sur Bagdad a défriché le terrain devant les forces terrestres qui avaient pris position dans plusieurs artères de la ville, qui commençaient à vivre des scènes de liesse et de pillage. à Saddam-city, la population chiite n'a pas hésité à sortir dans la rue pour manifester sa joie d'être débarrassée du dictateur qui lui avait fait vivre l'enfer. Les dernières apparitions de Saddam Hussein et de Mohamed Saïd Essahaf, son ministre de l'information, qui a fini par se rendre aux Américains, n'étaient, en fait, que les dernières manifestations d'un régime mort, mais qui a maintenu le monde entier en haleine grâce à la propagande de guerre d'Essahaf qui ne figurait d'ailleurs, même pas sur la liste des dignitaires recherchés par l'armée américaine. Jusqu'à aujourd'hui, on ne sait pas encore si la résistance autour de Bagdad était un grossier mensonge, une chimère ou si elle s'était effilochée parce qu'il y a eu trahison dans les rangs de l'armée irakienne. La facilité avec laquelle les marines ont fait main basse sur la moindre parcelle de la capitale demeure un mystère pour les observateurs qui ne trouvent toujours pas de réponse à la disparition de la résistance aux portes de Bagdad. Au moment où leurs statues et les symboles de leur pouvoir tombaient sous les cris de joie des irakiens, Saddam et les autres dignitaires de son régime avaient déjà pris la fuite vers le nord de l'Irak. Le jour de la chute de Bagdad, des responsables de l'opposition irakienne affirmaient qu'ils s'étaient réfugiés à Tikrit, la ville natale du dictateur. Le 9 avril, à 16 heures 40 (heure locale), le bruit des bottes des Gi's raisonne dans toutes les artères de la ville. La prétendue victoire de l'armée irakienne dans la décisive et féroce bataille autour de l'aéroport n'était, en réalité, qu'un mensonge. Bagdad était bel et bien tombée et le régime avec. S. R.