“La douane, comme de nombreux secteurs, n'échappe pas au phénomène de la corruption et essaie de lutter contre ce phénomène”. Ce constat a été établi, hier, par Abdelmadjid Mahrèche, inspecteur général des Douanes algériennes, sur les ondes de la radio Chaîne III. L'invité de l'émission “En toute franchise” a également confié que son institution, en sa qualité de membre de l'Organisation mondiale des douanes (OMD), s'est dotée d'un “programme de lutte anticorruption qui commence à donner ses fruits”. Cela grâce, notamment à “l'informatique, la gestion transparente et les actions de formation”, a-t-il précisé. M. Mahrèche a, en outre, rappelé que les douanes souffrent d'un “sous-effectif” et que les 14 000 fonctionnaires, tous grades confondus, qui y travaillent représentent un chiffre “très insuffisant” au regard des missions assignées et de l'étendue du territoire national. Selon lui, les douanes, grâce à ses 7 écoles, va augmenter ses effectifs. “Un douanier formé est un bon douanier”, a-t-il noté, en estimant dans le même temps que “la formation contribuera au renforcement de l'éthique aux douanes”. Sur le chapitre de la contrebande, le responsable a laissé entendre que celle-ci touche non seulement les pièces détachées et les produits d'alimentation, mais “plus grave” encore la drogue. Selon lui, les douanes ont saisi à elles seules 10 tonnes de drogue en 2004, 6 tonnes en 2005 et plus de 2 tonnes l'année dernière. “Nous commençons à devenir un pays de consommation de drogue et de culture”, a déclaré M. Mahrèche. Outre “le renforcement des frontières terrestres est et ouest, à travers notamment l'étroite collaboration avec les services de sécurité”, ce dernier a affirmé que le dispositif sera plus étoffé à l'avenir pour “réduire le franchissement de nos frontières par les contrebandiers”, qui disposent actuellement d'un “armement très lourd”, qui a déjà coûté la vie à 13 douaniers à Tébessa. Pour ce qui est du dédouanement des marchandises, l'inspecteur général a relevé que “leurs délais actuels sont des records”, admettant cependant l'existence d'imperfections à cause de certains opérateurs, tels que les importateurs “qui tardent à charger leurs marchandises”. “Pour le délai de dédouanement, l'Algérie est classée actuellement à la 116e place”, a révélé Abdelmadjid Mahrèche, en évoquant le classement réalisé par les organismes de la Banque mondiale. L'invité de la Chaîne III a, par ailleurs, appelé les usagers à s'impliquer davantage dans la bataille contre la corruption, encourageant les citoyens lésés ou contraints à verser des pots-de-vin à certains douaniers à se rapprocher de l'Inspection générale des douanes, créée à cet effet. Il a toutefois fait remarquer que son institution a eu à prononcer des sanctions à l'encontre de certains personnels, rappelant que 29 agents ont été sanctionnés en 2003, 54 agents en 2004, 49 agents en 2005 et 65 agents en 2006. “Il y a des agents vivant dans le dénuement total qui font pourtant correctement leur travail”, a soutenu l'invité de la Chaîne III, en référence aux différents contrôles menés dans les différentes régions du pays pour prévenir contre la drogue, l'acheminement des armes et la contrebande au niveau des frontières. Avant de rappeler “la volonté de l'Etat de revoir prochainement la rémunération des fonctionnaires”, y compris ceux des douanes. En matière de perspectives, le représentant des douanes a cité particulièrement l'objectif de réduction du contrôle des marchandises qui traversent les frontières nationales, ainsi que la mise en œuvre d'un “partenariat entre les douanes et les grands opérateurs économiques” dont les investisseurs, et la diffusion de la réglementation douanière. Il a aussi informé de la distribution prochaine de guides et de prospectus contenant “les droits et les obligations des voyageurs” aux émigrés et touristes, de même que de la tenue, en juin 2007, d'une “conférence nationale” pour débattre du programme de modernisation des services des douanes. Le représentant de l'institution douanière a enfin annoncé que “l'année 2007-2008 sera l'année du renforcement de l'éthique”, en indiquant plus loin que la nouvelle direction vient d'instaurer “un système d'évaluation” et “un système de performance”. H. Ameyar