Les centaines de journalistes venus à Alger couvrir l'événement, ont été étonnés du taux obtenu par Bouteflika. Comme il fallait s'y attendre, compte-tenu de l'importance de notre pays dans l'échiquier géostratégique mondial, la presse planétaire a accordé de larges manchettes et des dossiers entier, à la présidentielle de ce jeudi. Si très peu de doutes ont été émis sur la victoire de Bouteflika en elle-même, il en est allé tout autrement pour le taux décroché, mais aussi pour la manière avec laquelle la première manifestation de l'opposition avait été réprimée, coupant court à tout autre forme de protestation future. Le journal Le Monde, qui consacre une série d'articles au sujet, titre sur la réélection de Bouteflika, qualifiant le scrutin «d'équitable» en citant la permanence de ce candidat. Il revient, cependant, sur les protestations des candidats malheureux, pour qui il était indispensable d'aller vers un second tour. Le journal, qui donne une biographie détaillée du président, souvent «anecdotique», revient également sur la «neutralité effective» de l'armée, par la voix de son patron, le général-major Mohamed Lamari. Le journal n'en relève pas moins les incidents et dépassements admis par le président de la commission de surveillance des élections. Globalement, les aspects positifs l'emportent sur ceux négatifs. Il en va de même pour Le Parisien. Celui-ci met en avant et le programme et le bilan de Bouteflika, qui ont été de sérieux atouts en sa faveur face à ses adversaires. Curieusement, Le Figaro, proche de l'alliance chiraquienne, a longuement critiqué la manière dont s'est fait ce scrutin. Mais, à sa décharge, il faut dire qu'il s'est montré également critique envers et le président et ses adversaires de l'opposition. C'est ainsi qu'il évoque un Mimouni, chargé de la communication de Benflis, peinant à expliquer la débâcle de son candidat. Cela, avant d'ajouter qu'«hormis des recours à déposer au Conseil constitutionnel et une manifestation spontanée de protestation, Benflis, Djaballah et Sadi n'ont rien décidé de grandiose». Le journal enchaîne sur la répression qui s'est abattue sur les manifestants de ce jeudi pour dire que «Bouteflika veut remodeler la scène politique à sa main et mener les réformes annoncées durant sa campagne pour asseoir un pouvoir sans partage». Moins tendre en substance, Libération va jusqu'à émettre des doutes sur la neutralité de l'institution militaire. Très «équilibré», lui aussi dans sa couverture et ses commentaires, il décrit des scènes assez cocasses qui se seraient produites à la permanence de Benflis immédiatement après la proclamation des résultats. Toujours est-il qu'aucun journal n'évoque explicitement la fraude, surtout massive, puisque l'opposition algérienne elle-même s'est montrée incapable de prouver la moindre chose. Presque unanimement, les journaux anglais et américains, qui ont accordé à l'événement de larges articles, ont souligné que «cette victoire constitue une suite logique à l'amélioration notable de la situation sécuritaire en Algérie puisque Bouteflika avait été choisi en 1999 dans ce but précis». The Daily Telegraph, qui abonde dans le même sens que The Guardian, met en avant les «engagements de Bouteflika en faveur du renforcement de la paix civile, mais aussi de la relance du développement durable, mis en panne depuis plus d'une dizaine d'années, à cause de la violence terroriste et de l'émergence d'une faune rentière quasi indéboulonnable». Dans un article aux relents dithyrambiques, Le Matin du Sahara, connu pour son hostilité vis-à-vis de notre pays, explique l'écrasante victoire de Bouteflika par les «critiques acerbes de ses concurrents, qui ont fini par avoir un effet contraire». Il ajoute plus loin, que «le scrutin s'est déroulé dans les normes démocratiques», ajoutant jamais avoir vu «de dépouillement aussi transparent». D'autres médias, tels qu'Al-Ahram et Al-Jazirah, ont scrupuleusement évité les sentiers sinueux des commentaires, pour se borner à livrer les informations en vrac sur le déroulement du scrutin, les conditions «acceptables» qui l'ont accompagné, la victoire écrasante du président sortant, la répression farouche qui s'était abattue sur les sympathisants des candidats mécontents et, enfin, les assurances et preuves mises en avant par Zerhouni et Ouyahia pour montrer que ces élections ont été idéales, conformes au «standard européen», pour reprendre l'expression de la sénatrice belge Anne-Marie Lizin, en mission d'observation dans notre pays pour le compte de l'Union européenne.