Le président français a invité la classe politique libanaise à une réunion informelle, qui pourrait avoir lieu fin juin en France, destinée à aider à la reprise du dialogue pour sortir le pays d'une crise politique prolongée alors que l'armée libanaise n'arrive pas à éradiquer Fatah al Islam à Nahr el-Barad, un camp palestinien dans le nord du Liban. À Beyrouth, Le Courant du futur, du chef de la majorité parlementaire anti-syrienne, Saad Hariri, et Le Courant patriotique libre du général Michel Aoun, le principal chef chrétien de l'opposition, se sont réjouis de l'invitation française. Mais le Hezbollah chiite, fer de lance de l'opposition, ne s'est pas encore prononcé sur l'initiative de Sarkozy. Par ailleurs, l'opposition libanaise rappelle qu'une conférence internationale avait échoué et qu'elle ne voyait pas ce que pourrait apporter de nouveau la médiation de Paris impartiale dès lors que ses autorités ne jouent que la carte du clan Hariri. Pour les Français, la réunion a pour seul objet d'aider les Libanais à se retrouver entre eux dans “un cadre convivial, dépassionné” (!). Le Liban est plongé dans une grave crise politique depuis la démission en nombre, en 2006, de tous les ministres de l'opposition prosyrienne, qui considère depuis le gouvernement de Fouad Siniora comme illégitime. À l'instigation, notamment de Paris et Washington, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, le 30 mai, la résolution 1757 qui prévoit la création d'un tribunal international pour juger les assassins de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. L'initiative a été saluée par la majorité anti-syrienne mais vivement rejetée par le Hezbollah. La Syrie a été pointée du doigt dans l'assassinat de Rafic Hariri, en février 2005 à Beyrouth, par les enquêteurs de l'ONU mais Damas a démenti toute implication. Par ailleurs, de violents affrontements ont repris entre l'armée libanaise et les extrémistes du Fatah al Islam, assiégés depuis le 20 mai dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr el-Barad, au Liban Nord où il ne reste plus que 3 000 personnes sur les 31 000 qu'il comptait avant l'ouverture des hostilités. Les terroristes n'ont d'autre choix que la reddition, a réitéré dans un communiqué le commandement de l'armée libanaise mais 105 personnes ont péri dans ces combats, dont 46 soldats, et l'armée fonde ses espoirs dans la médiation au travers du Front de l'action islamique, qui comprend des responsables politiques et des religieux sunnites, et un groupe de religieux palestiniens qui continue à essayer d'amener Fatah al Islam à déposer les armes. L'armée libanaise est soutenue par le Fatah du président Mahmoud Abbas dont les éléments armés tentent de contenir le débordement des islamistes dans les onze autres camps de réfugiés établis dans le pays des Cèdres. La semaine dernière le feu a failli prendre à Aïn Héloué, un camp dans le sud aux portes de la seconde ville libanaise Saïda, n'était l'intervention musclée du Fatah. D. B.