Pour sortir de la crise, les Libanais recourent à un militaire. Le processus est identique à celui qui avait installé à la présidence de la République Lahoud dont le mandat est terminé. Il avait été chef de l'armée avant, et Soliman, son successeur, est lui aussi chef de l'armée. L'actuel chef de l'armée libanaise, un maronite, le général Michel Soliman, devrait être incessamment proclamé par les différents courants politiques libanais comme l'homme du consensus, pour devenir le prochain président de la République, en remplacement d'Emile Lahoud, également ex-général et maronite et dont le mandat a pris fin il y a une semaine. Donc, si tout va bien, le Liban est en passe de sortir de la crise institutionnelle, quoique le pays soit dirigé depuis le départ de Lahoud par le Premier ministre Fouad Siniora, dont le gouvernement n'est pas reconnu par l'opposition. La tension est vive à Beyrouth mais pas au point de voir éclater la guerre. L'armée veille à ce qu'il n'y ait pas de dérapages. L'élection du président, reportée cinq fois, devrait être la bonne cette fois. Depuis le 14 novembre, les différentes tentatives pour trouver un candidat acceptable par toutes les parties avaient échoué, malgré la médiation de différentes parties et plus les autres, la France dont le ministre des AE, Bernard Kouchner, devait rejoindre hier la capitale libanaise alors qu'il accompagnait le président français dans sa visite à Alger. La majorité parlementaire pro-occidentale, dirigée par le sunnite Saâd Hariri, président du Courant du futur, et l'opposition dirigée par le chiite Nabih Berri, président du Parlement, se rejetaient la responsabilité de l'échec. Les premiers dénoncent les interférences de l'Iran et de la Syrie et les seconds le jeu des Occidentaux. Pour sortir du blocage, la classe politique libanaise a fait appel au chef des armées, qualifié de très fiable par Saâd Hariri et apprécié par l'opposition et même par le voisin syrien. Surtout, en neuf ans, ce général chrétien maronite a su préserver l'unité de cette institution essentielle qu'est l'armée, dans un pays régulièrement secoué par des tensions confessionnelles. Comme lors de la guerre entre Israël et le Hezbollah, à l'été 2006. Il bénéficie également d'une solide popularité depuis l'assaut donné l'été dernier par l'armée contre les islamistes radicaux du Fatah El-Islam, retranchés dans le camp palestinien de Nahr El-Bared. Seul problème, l'élection à la présidence du chef de l'armée impose au préalable une modification de la Constitution libanaise. Or, celle-ci nécessite l'accord du Conseil des ministres, lequel est actuellement jugé illégitime par l'actuelle opposition. Mais puisque tout le monde est d'accord, ce n'est plus un handicap. Mais comme les choses ne coulent pas de source dans le pays du Cèdre, si la présidence libanaise semble acquise pour le chef de l'armée, l'obstacle se situe désormais au niveau de la composition du futur gouvernement et de la répartition des postes-clés, l'opposition revendiquant un partage plus équilibré du pouvoir. D. B.