Une grave crise éthique et déontologique secoue le secteur pharmaceutique, en raison de multiples facteurs. C'est du moins ce qui ressort de la première rencontre organisée, jeudi dernier, par la section ordinale des pharmaciens de la région de Constantine (Sorp), à la maison de la culture de la wilaya de Mila. Ce rendez-vous qui a regroupé les professionnels de la corporation pharmaceutique a connu de nombreuses communications et interventions. “La pharmacie et son environnement” est le thème retenu pour cette rencontre inédite. Les participants étaient, d'emblée, unanimes quant à la grave crise éthique et déontologique que traverse la profession actuellement, en raison de multiples facteurs. Pour le président de la Sorp, le docteur Kamel Baghloul, “on assiste à la clochardisation effrénée de la profession, précisément l'avènement de l'économie de marché et la fin du monopole de l'Etat sur l'importation et la distribution du médicament”. Selon l'intervenant, l'apparition des opérateurs privés sur le marché a pratiquement neutralisé les systèmes de contrôle exercés auparavant sur la circulation des médicaments et rendu caduques les lois qui balisaient cette activité. Cet état de fait a donné lieu, selon ses propos, à des pratiques qui ont profondément terni l'image de la profession. Sans être exhaustif, le locuteur cite dans ce sillage la pratique illicite de certains actes médicaux au niveau des officines pharmaceutiques, la vente de médicaments en dehors des horaires d'ouverture, la délivrance de produits hors nomenclature, tels que l'insuline, les dérivés de sang et les produits abortifs, ainsi que la publicité pratiquée sur les devantures et dans l'environnement immédiat des pharmacies. Qualifiant la situation d'inacceptable, M. Baghloul a appelé l'ensemble des partenaires à se conformer à la législation et à respecter la loi du 16/07/1985 sur la protection et la promotion de la santé publique. Par ailleurs, le président de la Sorp a plaidé pour le maintien en l'état du régime “Numerus Clausus” fixant les critères et les modalités d'acréditation des officines pharmaceutiques, afin d'assurer la pérennité et la rentabilité des officines. Stipulant la création d'une pharmacie pour chaque 4 000 à 5 000 habitants, selon qu'on est en milieu rural ou urbain, le régime en question ne fait plus recette au sein des membres de la corporation. Sa disparition de la panoplie des règlements est même souhaitée par certains, à l'instar du directeur de la Cnas de Mila, le docteur Chaouki Achak. Ce dernier a appelé, en sa qualité de médecin, à abandonner ce régime afin de s'inscrire de façon plus prononcée dans la logique de la liberté d'entreprise qui prévaut dans le pays. K. Bouabdellah