Les officines Endimed seraient toutes privées de pharmaciens et ne fonctionneraient qu'avec de simples vendeurs de médicaments. Responsabilité et rôle du pharmacien dans le cadre de la protection et la promotion de la santé, est le thème autour duquel s'est articulée la 3e journée nationale pharmaceutique organisée par la section ordinale régionale des pharmaciens (SORP) de Constantine. D'entrée de jeu, Kamel Baghloul, président du conseil de l'ordre, annoncera la couleur en affirmant dans son discours d'ouverture que le ton adopté à cette rencontre ne serait pas à la complaisance. Dans la foulée, le président de la Sorp d'Alger et vice-président du conseil national pharmaceutique, le Dr. Benbahmed dénoncera des vices de forme et dysfonctionnements pouvant porter atteinte au secteur. En ligne de mire, les officines Endimed, qui seraient toutes privées de pharmaciens et ne fonctionneraient qu'avec de simples vendeurs de médicaments. Elles seraient un millier sur le territoire national, ce qui pose, d'après ce dernier, un véritable problème de santé publique. A noter qu'elles sont au nombre de 20 à Mila, 19 à Oum El Bouaghi, 17 à Constantine et 6 à Jijel. Dans un exposé intitulé « entre le pilon et le mortier », le Dr. Sabah Hitache, pharmacienne d'officine et membre de la Sorp, dressera à son tour et sans concession aucune un constat assez alarmant, mettant en exergue les coulisses de la profession et quelques-uns des aléas vécus au quotidien au niveau des officines.Un véritable réquisitoire durant lequel l'intervenante pointera du doigt « une formation déficiente issue d'un cursus figé dans sa forme et dans son fond depuis des décennies, l'insécurité grandissante caractérisant l'exercice d'une profession de plus en plus ciblée par des dealers ou des consommateurs en manque de psychotropes, les effets pervers induits par la convention signée avec la Cnas et notamment un cahier des charges qui pénalise les pharmaciens d'officine, la surcharge de travail administratif générée par le dispositif du tiers payant, les problèmes vécus dans les périodes de rupture ou de rétention des médicaments, un vignettage quelquefois non-conforme, et une rupture de la chaîne du froid dont se sont rendus coupables certains pharmaciens ». Au registre des relations avec les médecins, le Dr. Hitache estime, sur la base des réalités du terrain, que la situation est loin d'être au beau fixe et qu'il reste beaucoup à faire pour jeter une réelle passerelle entre les uns et les autres, nonobstant le fait que les ordonnances délivrées par le corps médical sont parfois illisibles, d'où le risque d'une interprétation erronée, avec toutes les conséquences pouvant en découler. Membre de la Sorp de Constantine, le Dr. Baïra commentera pour sa part des données objectives portant sur la démographie pharmaceutique dans les wilayas sous tutelle, à savoir Constantine, Mila, Oum El Bouaghi et Jijel, créditées de 1 090 pharmaciens, dont l'écrasante majorité (838) sont des pharmaciens d'officine, 183 du secteur sanitaire, 119 pharmaciens-distributeurs ou gérants, 14 pharmaciens activant en milieu hospitalo-universitaire et 6 pharmaciens industriels. Dans ce récapitulatif, avec un taux de 56,44 % contre 43,56 %, la gent féminine est majoritaire à tous ces niveaux de pratique. Sur les 838 pharmacies d'officine répertoriées, 312 sont domiciliées dans les 12 communes de la wilaya de Constantine, 200 localisées dans les 32 communes de la wilaya de Mila, 168 au niveau des 23 communes de Jijel et 158 réparties dans la wilaya d'Oum El Bouaghi, forte de 20 communes.