Après une première annulation mercredi dernier à Alger, la projection du film de Jean-Pierre Lledo a connu ce week-end le même sort successivement à Constantine et à Oran. Hier, le documentaire intitulé Ne reste dans l'oued que ses galets était à l'affiche de la Cinémathèque d'Oran avec l'accord de son directeur, affirme le réalisateur Jean-Pierre Lledo. “Une fois sur place, j'ai appris que le directeur du Centre national du cinéma et de l'audiovisuel avait appelé le directeur de la Cinémathèque pour lui demander d'annuler cette projection avançant comme raison que cette projection ne pouvait avoir lieu à Oran après son annulation à Alger.” Le public oranais n'a donc pas pu voir ce documentaire qui traite de l'histoire des Juifs d'Algérie. Comme ceux de Constantine, ce jeudi, où un scénario similaire s'était produit, à en croire Lledo. “Avec l'association Maqam de Constantine, nous avons obtenu l'accord de l'APC pour une projection au centre culturel Ben-Badis. Pour cela, la télévision, coproductrice du documentaire et qui avait accepté le scénario, avait mis à notre disposition le matériel nécessaire à la projection. Cependant, en début d'après-midi, j'apprends que le ministère (de la Culture) a demandé l'annulation de cette projection”, soutient le cinéaste qui déclare s'être rendu au siège du ministère de la Culture suite à l'annulation d'Alger, porteur d'un courrier dans lequel il demande à la ministre d'intervenir. Démarche manifestement sans succès. Ce documentaire a été réalisé dans le cadre de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe, et a bénéficié d'un budget de trois millions de dinars dont la moitié a déjà été versée au réalisateur. “Cet argent m'a été alloué sur la base d'un synopsis qui a été agréé.” Sur les raisons de ces trois annulations, Jean-Pierre Lledo dit que, contrairement au contrat que lui-même a signé, une copie lui a été exigée par la commission de l'audiovisuel de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe avant chaque séance. Cette commission est présidée par Aït Oumeziane qui est également directeur du Centre national du cinéma et de l'audiovisuel. Ce dernier souligne qu'il y a bien une clause qui stipule qu'une copie doit être remise préalablement à chaque projection. “Nous en avons informé les concernés de cette disposition par courrier. Nous avions même préparé les cartes d'invitation (pour ce film), mais ce réalisateur n'a pas voulu remettre la copie de 52 minutes.” Aït Oumeziane conclut qu'il ne peut être question de censure : “Nous ne pouvons pas censurer quelque chose que nous n'avons pas vu.” En revanche, Jean-Pierre Lledo, qui se dit en colère, estime “qu'il y a là retour au parti unique”. Le film, dont le scénario est signé par Jean-Pierre Lledo, est produit par Naouel Films et par l'ENTV du côté algérien, Mille et une productions pour la France et MLK côté espagnol. Ne reste dans l'oued que ses galets tourne autour de quatre personnages évoquant leurs voisins juifs et chrétiens. SAMIR BENMALEK