L'expérience algérienne dans la lutte contre le terrorisme et son rôle précurseur dans la sensibilisation et la mobilisation sur les dangers que représente ce fléau pour la paix et la sécurité dans le monde, ainsi que son action pour promouvoir une coopération internationale sincère et active ont fait l'objet, jeudi à Madrid, d'un exposé présenté par le conseiller à la Cour suprême, Mohamed Boucena. Intervenant à l'ouverture du séminaire judiciaire algéro-espagnol sur la lutte contre le terrorisme, M. Boucena, chef de la délégation algérienne, a d'abord rappelé que l'Algérie a dû affronter “seule et par ses propres moyens” durant la décennie précédente un terrorisme qui s'est manifesté sous une forme “violente et sauvage”, et s'est vue “isolée” et même l'objet de tentatives de “semer le doute” sur les auteurs des actes de violence, au point que certains pays, a-t-il déploré, avaient adopté une attitude permissive, facilitant aux terroristes l'accès aux médias. Il a constaté que ce n'est qu'à partir des attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et ceux perpétrés en Espagne et dans d'autres régions du monde que la perception du terrorisme par la communauté internationale a commencé à changer, démontrant la pertinence de l'analyse algérienne de ce phénomène. Après avoir passé en revue la genèse du terrorisme en Algérie, mettant en relief notamment l'apparition de groupes extrémistes qui ont voulu “instrumentaliser” la religion à des fins politiques, le retour de jeunes Algériens d'Afghanistan et l'absence de mécanismes régulant l'évolution politique du pays, il a noté que l'Algérie, qui n'avait pas été auparavant confrontée au terrorisme, s'est en premier lieu dotée des instruments légaux pour lutter contre ce fléau, soit en adoptant de nouveaux textes soit en amendant ceux existants, particulièrement le code de procédure pénale, pour les adapter à la nouvelle situation. Le conseiller à la Cour suprême a relevé que l'adaptation des textes législatifs a été accompagnée de mesures de clémence (décret sur la rahma) et la constitution de groupes d'autodéfense, dans un cadre organisé, pour faire face aux agressions terroristes contre les citoyens et les infrastructures, dispositifs qui ont été, a-t-il dit, complétés en 1999 par la promulgation de la loi sur la concorde civile et en 2006 par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, qui traduit la volonté populaire exprimée lors du référendum de septembre. S'agissant de la coopération, M. Boucena a observé que l'Algérie est partie prenante dans près d'une vingtaine de conventions internationales et régionales de lutte contre le terrorisme, rappelant qu'au lendemain des évènements du 11 septembre 2001, elle avait appliqué avec célérité la recommandation du Conseil de sécurité des Nations unies qui appelait à la coopération internationale dans la prévention et la lutte contre le terrorisme. Sur le plan bilatéral, il a également rappelé que l'Algérie avait remis des projets d'accord de coopération juridique, judiciaire et en matière d'extradition à 14 pays, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas et le Danemark. En conclusion, M. Boucena a souligné que le phénomène du terrorisme, qui a visé en Algérie “tant l'Etat que la société”, a constitué une “épreuve difficile” face à laquelle les autorités ont œuvré à traiter la situation avec “sagesse” et “pondération” pour “éviter le pire et sauver le pays”, à travers des instruments légaux dont le dernier en date, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, a été approuvé par voie référendaire par le peuple algérien qui entend ainsi transcender la tragédie nationale, rejeter la violence sous toutes ses formes et rétablir définitivement la paix et la sécurité. Le séminaire judiciaire algéro-espagnol sur la lutte contre le terrorisme a pour objectif de “renforcer la coopération” entre les deux pays à travers l'échange d'expériences et d'informations. La délégation algérienne à cette rencontre de deux jours est composée de présidents de cour, de présidents de chambre dans des cours d'appel et de procureurs généraux. R. N./N. S.