Tout le monde se rappellera du visage angélique du petit Bouchelouh Yacine, dont l'affiche de disparition a hanté la ville d'Alger. Malheureusement, l'enfant, à peine âgé de quatre printemps, a été retrouvé, hier, mort au fond d'un puits, à 200 mètres de son domicile familial, situé au quartier 224-Logements de la cité Bordj El-Kiffan. Pas de grillons. Pas d'aboiements de chien. Pas de cris d'enfant. Plus d'espoir. Un silence de mort. Il ne reste rien que quelques chuchotements des voisins qui sont venus présenter leurs condoléances à la famille Bouchelouh. “Désolé vous ne pouvez pas voir la famille. Ils ne sont pas capables de recevoir la presse. Tentez de nous comprendre et respectez notre silence. Aujourd'hui, c'est trop dur. Revenez demain, peut-être on pourra vous dire quelque chose”, déclare un parent de la famille en nous refusant l'accès à l'étage du domicile. Il est 17h, le cercueil scellé du petit enfant vient de sortir du domicile familial pour une expertise de la médecine légale. Le cadavre du jeune Yacine disparu le 2 mai dernier a été retrouvé hier vers 13h20 par un particulier doté d'un chien renifleur. “J'ai été contacté par le président de l'APC de Oued Koriche, qui est l'ami de M. Bouchelouh, et il m'a raconté l'histoire du petit Yacine disparu depuis 45 jours. Tout de suite, j'ai répondu à l'appel, je me suis absenté aujourd'hui pour reprendre les recherches avec mon chien PIF”, déclare M. Rachid Sabri. Selon notre interlocuteur, les recherches ont débuté vers 10h du matin avec le célèbre PIF, chien de race, berger-allemand, (connu pour avoir sauvé des vies humaines lors du tremblement de terre de Boumerdès de 2003 et de la catastrophe de Bab El-Oued). “Avant de procéder à la recherche, nous avons fait renifler au chien les vêtements du petit Yacine afin qu'il s'imprègne de l'odeur du petit, puis nous avons ratissé tous le quartier”, raconte notre interlocuteur. Le chien a été suivi par son maître et quelques voisins. “Arrivé au domaine Ouzani, PIF s'est dirigé directement vers le puits et s'est mis à aboyer comme s'il avait reniflé quelque chose. Ils ont retrouvé le gosse au fond du puits et ils ont appelé la Protection civile et la Police scientifique”, raconte le cousin germain du petit yacine. Selon les voisins, l'enfant avait des blessures sur le visage et sur tout le corps. Accompagné du voisin Nordine, nous nous sommes déplacés sur les lieux du crime. Nous avons marché presque une centaine de mètres pour arriver au dit domaine. Après avoir traversé une clôture de roseaux au milieu des terrains perdus de l'ancienne coopérative agricole, nous avons retrouvé le puits. Bizarre, il est 17h30, aucune trace du passage de la police. Le cordon de sécurité n'existe même pas autour du lieu du crime. “Ce puits existe depuis plusieurs année, il était là avant l'Indépendance, aucun accident n'a eu lieu ici. Nous avons interdit aux enfants de jouer dans ce domaine, d'ailleurs ils ne s'aventurent jamais car c'est trop loin, en plus, ils savent qu'il y a toujours quelqu'un”, déclare un membre du domaine. Avant de préciser qu'il y a trois jour nous avons fait marcher la pompe à eau et il n'y avait rien. “Si l'enfant était là nous l'aurions découvert et il y aurait même l'odeur de décomposition du corps. Il y a quelques mois, un mouton est tombé dans le puits et lorsque nous avons fait marcher la pompe, nous avons senti l'odeur et il y avait même du sang. Je crois que le cadavre a été déposé hier ou avant-hier, car c'est les seules journées où nous n'avions pas fait marcher la pompe du puits”, suppose notre interlocuteur. Juste à côté du puits, se trouve une petite cabane abandonnée qui sert à déposer le matériel des fellahs du domaine. “Ce n'est pas possible, le petit n'était pas dans cette cabane. On aurait senti ou entendu quelque chose”, ajoute-il. Dans son quartier, les voisins sont formels : le petit Yacine a été tué puis jeté dans le puits. “Nous avons ratissé tout le quartier pendant un mois. Nous avons mené nos recherches jusqu'au Lido et la plage des Tamaris. Moi-même je me suis déplacé dans cet endroit, il n'y avait aucune trace du petit Yacine. C'est un kidnapping suivi d'un meurtre”, tranche Nordine. Les habitants du quartier dénoncent, par ailleurs, l'insécurité qui règne dans ce quartier. “Depuis l'ouverture de cette nouvelle route, le quartier est devenu dangereux. Chaque soir, le quartier devient un lieu de rencontres pour dealers, drogués, voleurs…. La police devrait enquêter dans ce sens”, s'indignent-ils. À défaut de version officielle de la part de la police, le silence a laissé place à toute supposition et spéculation. Nabila Afroun