Les changements climatiques, leur impact sur les systèmes socioéconomiques, la santé, l'eau... sont les thèmes débattus lors d'une rencontre tenue hier matin au niveau du Musée du moudjahid. Celle-ci a été organisée par la direction de l'environnement de la wilaya d'Oran, qui a fait appel à des universitaires pour animer les débats autour des questions liées aux bouleversements climatiques et leur impact, plus particulièrement dans la région. C'est là, en effet, un thème d'actualité brûlant. Le directeur de l'environnement rappelle à cet effet, dans une communication sur “Les changements climatiques en Algérie”, que le réchauffement de la planète doit beaucoup aux activités industrielles de l'homme, notamment avec les émissions de gaz à effet de serre, les EU ayant la palme mondiale dans ce domaine avec 6 227 millions de T produits par an. Comme cela a déjà été prouvé par de nombreuses études, les pays du tiers-monde produisent moins de gaz à effet de serre, mais sont les plus touchés par leur impact sur les changements climatiques. Déjà, dans la wilaya d'Oran, ces bouleversements climatiques ont amené à des aménagements forcés au niveau locale puisque, par exemple, les agriculteurs voient la période traditionnelle d'ensemencement reculer de plus d'un mois sur le calendrier habituel. À l'horizon 2025, l'Algérie doit s'attendre à voir sa population passer à 45 millions d'habitants, ses besoins alimentaires augmenter, les périmètres irrigués aussi alors que pour 1 million d'hectares, il faut 7 000 m3 d'eau. Plus près de nous, à Oran, les changements climatiques depuis 20 ans sont perceptibles par les populations, que ce soit dans l'accès à l'eau potable, la baisse des ressources hydriques ou l'agriculture et l'érosion des sols. Au cours des débats, de nombreux intervenants ont souligné que l'arrachage massif des vignes dans la wilaya a provoqué un réchauffement des températures, donc la disparition du couvert végétal et l'appauvrissement des sols. Mais la réintroduction de la vigne a amené à une surproduction du raisin que les agriculteurs n'arrivent pas à écouler. Donc, un problème économique se pose auquel on n'a pas trouvé de solution. Un P/APC a d'ailleurs fait part de son inquiétude en constatant qu'à nouveau, on assistait à l'arrachage des vignes : “Que va-t-on faire pour que les sols ne s'appauvrissent pas ?” Dès lors, et rien qu'à partir de ce seul exemple, nombre d'intervenants ont enjoint, lorsqu'ils n'ont pas déploré, les pouvoirs publics à mettre en place des stratégies nationale et régionale pour lutter contre les effets des changements climatiques et leur impact sur la population et l'économie. Dans cet ordre d'idées, le professeur Tabet a encore souligné le manque de coordination entre les différents secteurs, faisant remarquer que les conventions internationales sur la biodiversité, les changements climatiques... sont placées sous la tutelle de ministères différents alors qu'elles forment un tout. Autre exemple évoqué sur l'absence de vision, de stratégie, la construction du barrage de Boughrara, aujourd'hui inexploitable en raison de la pollution émanant du Maroc. L'intervenant dira : “À l'époque, nous avions mis en garde en expliquant qu'il ne faut pas construire ce barrage tant que le problème de pollution venant du Maroc n'est pas réglé. On n'a pas voulu nous écouter, nous les techniciens, voilà le résultat !” F. BOUMEDIENE