Aujourd'hui, les regards sont tournés vers l'ONU, en particulier vers son Conseil de sécurité. Celui-ci marquera-t-il davantage son retrait par rapport à la voie normale relative à la résolution d'un dossier de décolonisation ? Continuera-t-il à mettre dos à dos l'agresseur et l'agressé, en éloignant l'ONU de sa mission de défense des “faibles” ? Le Maroc et le Front Polisario se réuniront de nouveau dans la résidence américaine de Manhasset, pendant la deuxième semaine du mois d'août prochain. Cette information a été rapportée par l'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies, Peter van Walsum, dans la soirée du 19 juin. C'est-à-dire à quelques jours de la présentation, par Ban Ki-moon, de son rapport sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité. Il reviendra ensuite à cette instance d'imprimer le rythme des prochaines négociations et de donner la direction qu'elles devront prendre pendant les 4 mois à venir, en prévision de la réunion du Conseil de sécurité d'octobre 2007. Une réunion qui, pour rappel, coïncidera avec la fin du mandat de la Mission de l'ONU pour un référendum au Sahara occidental (Minurso). La première série des pourparlers entre le Maroc et le Polisario s'est faite à Manhasset, les 18 et 19 juin dernier, sur la base de la résolution 1754 du Conseil de sécurité. Un communiqué diffusé par les services du secrétaire général des Nations unies, M. Ki-moon, a précisé que les négociations maroco-sahraouies sont menées sous les auspices de l'ONU, en vue de trouver une solution politique “juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui”. Non sans noter également qu'elles se déroulent “sans conditions préalables”. Le même communiqué a en outre indiqué que les discussions entre les deux parties en conflit tiennent compte des “développements survenus ces derniers mois”, allusion faite aux récentes propositions présentées par le Maroc et le Polisario pour mettre fin à un conflit vieux de 32 ans. Aujourd'hui, les regards sont tournés vers l'ONU, en particulier vers son Conseil de sécurité. Celui-ci marquera-t-il davantage son retrait par rapport à la voie normale relative à la résolution d'un dossier de décolonisation ? Continuera-t-il à mettre dos à dos l'agresseur et l'agressé, en éloignant l'ONU de sa mission de défense des “faibles” ? Ces questions s'imposent dès lors que l'occupant marocain continue à tourner le dos à la légalité internationale et à violer les droits de l'homme, au vu et au su de la communauté internationale et de la Minurso. Elles s'imposent aussi, car l'impuissance dont fait preuve l'ONU dans la question sahraouie laisserait place à d'éventuelles interventions hors ONU. Cela peut expliquer l'avis des observateurs qui estiment que le rôle des Etats-Unis peut être déterminant quant à l'issue du conflit maroco-sahraoui. Pour ces observateurs, les Américains sont toujours attachés au plan Baker et donc aux deux phases qui le composent, à savoir une période d'autonomie au Sahara occidental suivie par celle du référendum sur l'autodétermination à organiser. Ils donnent pour preuve le lancement des nouvelles négociations entre les deux parties en conflit autour du plan d'autonomie marocain et de la proposition sahraouie visant l'autodétermination du peuple sahraoui. Mais, devant les reniements et les volte-face du régime marocain, ils soutiennent que ce dernier risquerait de faire durer la première phase du plan Baker, aux fins d'avaliser sa souveraineté dans le territoire “non autonome” du Sahara occidental. D'aucuns, s'appuyant sur la récente aide américaine (1 million de dollars) apportée aux réfugiés sahraouis, annoncent l'implication américaine dans le règlement définitif de la question sahraouie. Dans ce cas de figure, ils déclarent que les Etats-Unis sont plus habilités à exercer des pressions sur le Maroc pour le contraindre à accepter la tenue du référendum. À l'heure où les Nations unies tardent à prendre le taureau par les cornes en vue du parachèvement rapide de la décolonisation du dernier territoire africain, et devant l'absence d'implication active de l'ex-colonisateur espagnol, d'autres scénario sont à envisager. En relation avec les soulèvements populaires dans les territoires occupés du Sahara occidental, le redéploiement de la diplomatie africaine, notamment celle de l'Algérie, le mouvement de solidarité à l'échelle de la planète et la tenue, à la fin du 2e semestre 2007, du congrès du Front Polisario. Les décisions que prendra le Conseil de sécurité dans les semaines à venir nous donneront, certainement, une idée sur la direction du vent qui soufflera... Affaire à suivre. H. AMEYAR