Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est prononcé pour la poursuite des négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc, afin de “parvenir à une solution politique (…) qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental”. Une solution qui, selon lui, doit demeurer conforme aux “buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies”, ainsi qu'à ses précédentes résolutions sur l'ancienne colonie espagnole. Réunis les 29 et 30 avril 2008 à New York pour examiner le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU, sur le Sahara occidental, les quinze ont, en effet, adopté à l'unanimité, mercredi dernier, la résolution 1813 dans laquelle ils appellent les deux parties au conflit à poursuivre les pourparlers “sans conditions préalables et de bonne foi”, les invitant à “engager plus résolument des négociations de fond”. Le Conseil de sécurité a également décidé de proroger le mandat de la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) jusqu'au 30 avril 2009. Il a aussi approuvé la recommandation de Ban Ki-moon selon laquelle “il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d'un esprit de compromis afin de maintenir l'élan imprimé au processus de négociation”. Comme à l'accoutumée, le Conseil de sécurité, instance qui est loin de refléter l'ensemble des voix des Etats membres des Nations unies, continue de mettre dos à dos l'agresseur et l'agressé. C'est ainsi qu'il a pris note “des responsabilités des parties”, sans exercer la responsabilité qui lui incombe dans les cas de décolonisation et d'occupation illégale d'un territoire “non autonome”. Aucune fermeté n'est manifestée vis-à-vis de la partie qui défie la légalité internationale, viole impunément les droits de l'homme et bloque la tenue d'un référendum d'autodétermination. Un scrutin reporté depuis 1975 du temps de la colonisation espagnole puis relancé en 1991, à la suite de l'adoption à l'unanimité du plan de règlement onusien et de l'acceptation, de celui-ci, par les deux belligérants, avant d'être ajourné de nouveau. Aujourd'hui, aucun calendrier n'est encore établi pour ouvrir des horizons prometteurs au peuple sahraoui et lui permettre d'exercer démocratiquement son droit de disposer de lui-même. Aussi, les déclarations du président du Conseil de sécurité pour le mois d'avril sont révélatrices à la fois du malaise qui couve actuellement au sein de cette instance et des menaces qui guettent à présent l'application du droit international, pour peu que les grandes puissances soient attachées ou non à ce droit. Pour rappel, le 30 avril dernier, l'ambassadeur d'Afrique du Sud aux Nations unies, Dumisani Kumalo, assurant la présidence du Conseil de sécurité, a déclaré que “personne ne peut dénier le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui”. Le diplomate a exprimé ses craintes de voir le Conseil de sécurité pratiquer la politique du “deux poids, deux mesures”, mais aussi de le voir interpréter abusivement la résolution 1813. Dans ce cadre, M. Kumalo a appelé “le Conseil (de sécurité) et l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU à rester objectifs et à ne pas anticiper sur l'issue des négociations”. Reste à savoir le sens que les membres influents de ce Conseil veulent donner au droit des Sahraouis à l'autodétermination. Affaire à suivre… H. Ameyar