Le Conseil de sécurité rejette de nouveau toutes les thèses marocaines. Supercherie marocaine, pressions franco-espagnoles, agenda onusien souvent défavorable. En dépit des situations auparavant peu propices, le dossier du Sahara occidental est, à nouveau, traité au sein du Conseil de sécurité. L'ultime et énième disposition votée par l'institution onusienne a conforté le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et a sérieusement gelé les espoirs du Palais royal de garder ce qu'il appelait «les provinces du Sud». Le Conseil de sécurité des Nations unies, nonobstant les enjeux qui entourent la question sahraouie, a opté, une fois de plus, pour la prorogation du mandat de la Mission des Nations-unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), pour un nouveau laps de temps de six mois, c'est-à-dire jusqu'au 30 avril 2007. Il faudra, a posteriori, doter la Minurso d'un mécanisme d'enquête sur le volet humanitaire relatif aux droits de l'homme considéré, depuis toujours, comme le maillon faible de la mission onusienne. La sentence illustrera purement et simplement le rejet des thèses marocaines, mais ne doit marquer aucunement une pause dans l'oeuvre de décolonisation. L'ONU devra mettre à profit ce nouveau laps de temps pour trancher la difficile question de l'application de ses propres résolutions. Car, cette organisation est à son dixième verdict qui confirme, avec force, le droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination. Cette nouvelle résolution vient confirmer aussi le vote intervenu dans le même sens, le 13 octobre dernier, au sein de la quatrième Commission de l'ONU dite des questions politiques spéciales et de la décolonisation. Mieux encore, le vote, si réconfortant, du Conseil de sécurité, intervient au lendemain de la publication d'un rapport accablant du Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme. Lequel rapport dénonce les graves violations dont se rendent coupables les forces d'occupation marocaines contre le peuple sahraoui. Rabat est, décidément, en pleine zone de turbulences et vient d'encaisser un nouvel échec et mat dans son traitement du dossier sahraoui. Quant au Polisario (Front populaire de libération de la Seguia el-Hamra et Rio d'el-Oro), reconnu officiellement par l'ONU en qualité d'unique représentant des populations sahraouies, il vient, quant à lui, de gagner une nouvelle bataille dans sa lutte pour l'indépendance du Sahara occidental. De ce cheminement, soumis souvent au gré des vents, devra découler impérativement une détermination d'appliquer les résolutions de l'ONU qui, jusqu'ici, demeurent noir sur blanc dans les archives de cette organisation. Il faudra aussi contraindre l'Espagne et la France, deux alliés du Maroc aux entrailles mises à nu, de se conformer à la légalité internationale. Car, faut-il le dire, le Royaume chérifien continue à agir sous l'éperon franco-espagnol. L'un est historiquement responsable tandis que l'autre est économiquement ligoté, mais dont la présence en Afrique est souvent jalonnée de génocides et de crimes contre l'humanité, l'Espagne et la France sont appelées, en ce temps précis, à respecter la légalité internationale. Plusieurs organisations non-gouvernementales sahraouies, mais d'autres internationales ont interpellé, hier à Vitoria (capitale du Pays basque), lors de l'ouverture de la 32ème Conférence européenne de coordination et d'appui au peuple sahraoui (Eucoco), le Conseil de sécurité sur le chapitre VII de la Charte de l'ONU. Elles (les ONG) demandent l'application pure et simple des résolutions appelant à l'«exercice du peuple sahraoui de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance». L'on déplore surtout «l'attitude de la France qui continue à soutenir le Maroc dans son intransigeance». Tout au long du processus de décolonisation initié par l'ONU, le Maroc n'a cessé de tourner le dos à la légalité internationale et aux dispositions onusiennes. Une question s'impose: est-il préférable, au stade où sont les choses, d'imposer légalement des sanctions contre le Maroc pour faire appliquer le droit international? Sans doute, eu égard à la solution donnée au problème identique du Timor-Oriental.