Le procès du séisme de Boumerdès tant attendu a été reporté au 10 juillet prochain. C'est ce qu'a décidé le président du tribunal de Boumerdès, M. Benabdallah Redhouane. Le juge a pris en considération la demande du report introduite par des avocats de la défense dont certains ont exigé la présence de l'ex-ministre de l'Habitat, Mohamed-Nadir Hamimid et de Nouredine Moussa en sa qualité de membre de la commission ministérielle désignée au lendemain du séisme. Les mêmes avocats ont insisté pour que toutes les personnes, ayant fait partie des deux commissions d'experts et ayant travaillé sur le dossier, soient présentes. Un autre avocat a demandé la présence des responsables du CTC-Centre alors qu'une autre avocate a insisté pour l'utilisation des équipements tels que le datasho pour visionner des images du séisme. Le procureur est intervenu pour préciser à l'assistance que l'ex-ministre de l'Habitat se trouve hospitalisé. Mais c'est Me Brahimi qui jette un pavé dans la mare en demandant la présence au tribunal du juge d'instruction qui a motivé à deux reprises des ordonnances de non-lieu sur cette affaire. “Ce juge, qui a d'une façon admirable prit cette décision qui honore la justice algérienne, devra nous expliquer pourquoi il a motivé deux fois de non-lieu”, a insisté M. Brahimi. Il sera soutenu par Me Benbraham qui revient à la charge pour exiger la présence des deux ministres de l'Habitat, M. Hamimid et N. Moussa, mais aussi d'experts dans le séisme comme le professeur Chelghoum ainsi que d'autres témoins importants non convoqués. Certains avocats ont affirmé que le dossier ne leur a pas été communiqué à temps, information qui sera vite démentie par Me Brahimi qui nous a affirmé en marge du procès que le travail de la cour a été parfait et que la procédure s'est déroulée correctement. Il s'est étonné des raisons ayant poussé le ministère public de changer le juge pour le remplacer par un autre juge qui n'a pas entendu tous les témoins et tous les experts sur cette affaire. “Dans ma carrière d'avocat, je n'ai jamais vu une ordonnance de ce volume et surtout de cette qualité”, a ajouté M. Brahimi. L'offensive des avocats a donné beaucoup d'espoir aux accusés. La pause de 20 mn, décidée par le président du tribunal qui a dirigé les débats en usant parfois d'un peu d'humour, a été une occasion pour les familles de victimes de remémorer les moments douloureux de la tragédie. “C'est le destin qui a voulu qu'on en arrive là !” affirme une femme dont le fils a été tué dans le séisme alors que l'autre se trouve parmi les accusés. Un citoyen, qui a perdu toute sa famille dans le séisme à la gare sntf de Corso, n'a pas digéré que sa doléance ne soit pas prise en compte par le président du tribunal. “Pourquoi on ne convoque pas les responsables de la SNTF et de la Cnep”, crie ce père. Selon l'arrêt de renvoi, les 38 personnes accusées d'homicide involontaire, blessures involontaires, fraude dans la qualité des matériaux, ont rejeté durant l'instruction les faits qu'ils leur sont reprochés. Selon le même document, des experts comme Mohamed Belazougui, directeur du CGS et président de la commission ministérielle mise en place par M. Hamimid, l'effondrement de certains bâtiments sont le fait de la différence des matériaux de construction utilisés mais aussi la qualité mauvaise du sol. Il a justifié également cette situation par l'intensité forte de la secousse. Le professeur Chelghoum a, pour sa part, justifié l'effondrement de certaines bâtisses à cause de la nature des terrains et l'absence d'études appropriées du sol mais dans certains cas, c'est dû au non-professionnalisme de certains entrepreneurs, a-t-il précisé. La plupart des experts ont justifié les dégâts causés à l'importance et l'intensité du séisme tout en mettant l'accent sur certaines failles de la législation comme c'est le cas de l'organisme du CTC qui a toujours exercé ses activités en qualité de prestataires de services. Des arguments et des atouts que la défense ne manquera pas d'utiliser le jour du procès. M. T.