Le procureur avait requis à l'encontre de 33 accusés, dont les P-DG de l'EPLF, de l'OPGI et du CTC, la peine maximale, soit 3 ans fermes. Le verdict à l'encontre des accusés dans l'affaire du séisme de Boumerdès sera rendu le 31 juillet, soit mardi prochain. C'est ce qu'a annoncé le président du tribunal, M. Benabdellah Redhouane, à l'issue de la fin des plaidoiries avant-hier tard dans la soirée, soit aux environs de 21h 30. M. Benabdellah a demandé aux 35 accusés s'ils ont quelque chose à dire. “L'acquittement, M. Le président”, ont répondu un par un les accusés, à l'exception de M. Harrani, technicien au CTC en fuite à l'étranger. Le fait marquant de cette dernière journée fut incontestablement la présence aux côtés des accusés des membres de leur famille comme c'est le cas de ce cadre d'une entreprise publique qui ne s'est pas séparé de sa femme et de ses deux enfants durant les deux semaines du procès, dont l'un d'eux vient d'obtenir le bac avec mention. De nombreux travailleurs et cadres exerçant, notamment dans les entreprises publiques comme l'EPLF, l'OPGI ou le CTC ont décidé de marquer de leur présence la dernière journée du procès en signe de solidarité avec leurs collègues et leurs familles. Pour rappel, le procureur de la République avait requis à l'encontre des 33 accusés, dont les P-DG de l'EPLF et le DG de l'OPGI, la peine maximales soit 3 années fermes et 100 000 DA d'amende, et deux années fermes en plus de 100 000 DA d'amende pour deux autres, alors que trois autres ont été acquittés. Ce procès, qui a duré presque deux semaines, s'est déroulé dans l'indifférence des citoyens puisque la grande salle de l'INH a rarement été remplie et souvent seuls les accusés, leurs avocats et les journalistes continuaient à suivre les débats du procès. Pour un avocat de la défense, le peu d'intérêt des citoyens à ce procès s'explique par l'absence au banc des accusés des acteurs de la catastrophe comme le ministre de l'Habitat, mais aussi par la non-prise en compte par la justice des sites des 1200-Logements (700 morts) et la cité de Reghaïa (500 morts). Les citoyens sont restés sur leur faim d'autant plus qu'aucune explication officielle et convaincante ne leur a été donnée même si l'on a avancé çà et là l'absence de règlement parasismique (RPA), lors de la construction de ces cités. Un argument qui ne semble pas persuader les citoyens dont certains répliquent que des modifications illégales ont été apportées aux bâtiments de Reghaïa après l'établissement du RPA. “Nous voulons savoir qui a enlevé les poteaux et des cloisons d'appui, et pourquoi on a fermé les yeux sur ces transformations illégales. Ceci n'a rien à voir avec le RPA”, précise un citoyen dont sept membres de sa famille sont morts ensevelis à Réghaïa. Mais la révélation de ce procès fut incontestablement le juge, M. Benabdellah Redhouane, qui, de l'avis de tous et notamment des avocats, est l'un des meilleurs juges du pays. Cet homme d'une grande culture a su comment organiser, diriger et animer les débats en usant très souvent d'anecdotes et de blagues qui n'ont laissé personne indifférents. M. T.