Pourquoi toutes les stratégies économiques adoptées, bien que raisonnables, donnent des résultats décevants ? C'est autour de cette question que s'est articulé le débat sur la conduite des réformes en Algérie organisé par le cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE) à l'hôtel Mercure, et animé par d'illustres universitaires, comme le professeur Taïeb Hafsi, Mohamed Bahloul, directeur de l'IDRH d'Oran, le docteur Lamiri, directeur de l'Insim, Mourad Preure, spécialiste en stratégie. Le professeur Hafsi, en observant la population de Saïda, constate que les normes collectives les plus élémentaires sont en train de disparaître, laissant place à des comportements égoïstes qui remettent en cause l'éthique. Le professeur affirme que le cas de Saïda suggère que “le pays est en grande difficulté”. M. Taïeb Hafsi parle de sentiment de déprime, malgré l'injection de ressources importantes. Il évoque la perception que l'Etat est absent et qu'il y a un vide institutionnel, en qualifiant la situation de complexe. Cette complexité, souligne-t-il, “ne peut être combattue qu'en mettant ensemble toutes les énergies”. C'est justement la relation entre l'Etat et les opérateurs économiques qu'il faudrait construire pour que les réformes puissent aboutir. La Corée du Sud constitue un exemple à étudier. La dictature sud-coréenne a réalisé une alliance stratégique avec les entrepreneurs privés. Cette alliance a permis à l'économie sud-coréenne d'être aujourd'hui performante. L'Algérie, par contre, ignore ses hommes d'affaires. Hadj Nacer résume parfaitement la situation en affirmant “qu'on a donné de l'argent à des entreprises qui ne fonctionnent pas, et on a empêché des entreprises performantes d'accéder à la ressource”. MEZIANE RABHI