Réuni hier à Alger pour débattre des réformes économiques, passées et actuelles, des stratégies adoptées et des raisons qui ont conduit à des résultats souvent décevants, un groupe d'experts et d'universitaires a mis l'accent sur la nécessité d'accorder toute l'importance au cadre institutionnel et au potentiel intellectuel devant accompagner ces réformes plutôt qu'aux moyens financiers. Le débat, tenu à l'initiative du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), a eu pour référence une conférence intitulée « Les dirigeants algériens face aux réformes économiques : pourquoi toutes les stratégies adoptées, bien que raisonnables, ont eu des résultats décevants ? » La conférence, présentée par Taieb Hafsi, professeur à l'Ecole des hautes études commerciales de Montréal, est revenue sur l'expérience algérienne en matière de stratégie économique, ses aspects organisationnels et les éléments qui déterminent les points de faiblesse propres à l'économie algérienne. Celle-ci, aux yeux du directeur de l'INSIM, Abdelhak Lamiri, ne saurait parvenir aux standards internationaux tant que « l'élite et l'intelligence ne sont pas mises à profit » et « les mécanismes et les institutions ne sont pas adaptés aux objectifs tracés ». Pour le professeur Lamiri, bien que l'Algérie ait « parvenu à une certaine stabilisation macroéconomique, il n'en demeure pas moins que la relance économique traîne encore ». D'ailleurs, poursuit-t-il, le taux de croissance de près de 5% annoncé en 2004 n'est pas un indicateur fiable, en ce sens qu'« il a fallu injecter 10% du PIB pour atteindre cette performance ». Tout en appuyant ce constat, l'ex-chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, dira, pour sa part, que l'erreur commise en matière de réforme économique réside dans le fait d'avoir « négligé les aspects structurants et de compter uniquement sur l'embellie financière ». Et d'ajouter que les réformes économiques ne peuvent se faire sans réformes politiques. « Les Algériens sont, depuis 20 ans, en guerre pour arracher leurs droits politiques et économiques », a-t-il indiqué. Afin de mettre en exergue le rôle des entreprises et leur implication nécessaire dans toute stratégie économique, le directeur général de NCA Rouiba, Slim Othmani, a tenu à préciser, lors de son intervention, que la communication joue un rôle primordial dans la réussite des réformes : « Les décideurs sont appelés à se concerter avec les hommes d'affaires et les chefs d'entreprise pour que ces derniers aient réellement un poids sur les réformes envisagées. » D'autres problèmes ont été également soulevés par les intervenants concernant les contraintes objectives qui empêchent de parvenir à une réelle relance économique. Il s'agit, entre autres, comme l'a noté le sociologue Mohammed Bahloul, de l'absence d'une vision claire faite autour de certains concepts tels ceux en rapport avec l'organisation, l'Etat, l'entreprise, la banque ou encore l'école.