En l'absence totale de contrôle, les revendeurs de volailles égorgent et déplument les poules dans les marchés. Rien ne va plus au quartier haï Othmania (ex-Maraval), où l'état d'insalubrité a pris des proportions inimaginables et laisse planer les risques d'une épidémie à grande échelle. En effet, l'installation d'un de ces fameux marchés hebdomadaires, comme il en existe plusieurs dans divers quartiers de la ville d'Oran, est à l'origine d'une situation insoutenable que de nombreux habitants de cette cité tiennent à dénoncer. Implanté au cœur d'une cité, ce marché, qui se déroule tous les mercredis, regroupe aussi bien les vendeurs de fruits et légumes, que les fripiers, les revendeurs de produits cosmétiques, de produits d'entretien, les marchands de vaisselles, etc.. Mais plus grave, c'est surtout la présence de vendeurs de volailles et de viande rouge qui, en plein air, dans la poussière, sous le soleil, sont là installés sur des étals de fortune où ils suspendent ainsi des quartiers de viande à l'attention des clients. Tout ce beau monde se côtoie le plus normalement du monde. Le pire est encore à venir, car les vendeurs de volailles sont installés à même le sol avec leurs poules et poulets vivants. Le client ou la ménagère, le plus souvent, choisit sur pièce son poulet et voici que notre vendeur vous l'égorge devant vous, le sang se mêlant à la terre poussiéreuse, et le comble en prime, ils vous déplument votre bête toujours sur les lieux, devant vos yeux ! Scènes que des citoyens trouvent choquantes et inadmissibles car la cité Maraval est un quartier de la périphérie d'Oran, certes, mais un centre urbain et non rural, où des familles et des enfants vivent, vont et viennent au milieu de tout cela. Le problème, en fait, que soulèvent des habitants de ce quartier est celui du risque d'épidémie provoqué par cette situation et la menace qui pèse sur leurs enfants : “Il faut voir quand ils déplument les poulets. Avec le vent, la poussière, la chaleur, ces plumes volent de partout, les odeurs sont insoutenables ! Même les personnes chargées de l'entretien n'arrivent pas à tout nettoyer ! C'est grave, c'est une question d'hygiène et de salubrité publique qui se pose aux autorités et à qui nous demandons d'agir !” Dans la cité, par contre, on peut s'aventurer à aborder la question de la responsabilité des citoyens qui, pour le gain de quelques dinars, acceptent cette situation, la provoque même. Ces vendeurs de poulets et de viande rouge, qui exposent leurs produits pendant des heures en plein air, viennent parce qu'ils savent qu'ils ont des clients qui achètent en dépit de l'absence totale de contrôle et d'hygiène. Il faut croire que les leçons du passé ne servent pas d'exemple, car la peste à Kahaïla n'est pas si loin, et d'aucuns devraient y penser à nouveau avant qu'une véritable catastrophe épidémiologique ne frappe Oran. F. BOUMEDIENE