En ce mois de Ramadhan, la pratique de l'abattage clandestin prend des proportions considérables dans toutes les localités de Ghardaïa, où les points d'abattage s'improvisent à l'intérieur même des écuries. C'est le cas, un peu partout à travers les communes de la wilaya, des écuries sont souvent transformées en abattoir et en boucherie à ciel ouvert. Aux premières heures de la matinée, des éleveurs viennent proposer aux bouchers des bêtes « prêt-à-porter » qu'ils égorgent eux-mêmes, dépiautent et dépècent sur place, pour céder à leur tour les différents quartiers de viande à une clientèle, qui s'accroît au fil de la journée. En début de journée, les « bouchers revendeurs » s'amènent avec leurs moyens de transport dérisoires pour transporter leur viande ! Ce sont les clients « lève-tôt » qui s'arrachent les meilleures parties et surtout les abats, foie et cœur, très prisés durant ce mois de jeûne. Les retardataires doivent se contenter de ce qui reste. L'affluence sur ce type « d'écuries clandestines » s'explique par les prix pratiqués, semble-t-il, plus avantageux par rapport à ceux de l'abattoir officiel. Dans ces écuries, nous dit-on, la viande est proposée entre 400 et 450 DA contre plus de 550 dans les points de vente « légaux ». Si ce boucher revendeur croit gagner en fin de compte sur le prix, ils se fait toutefois arnaquer par ces éleveurs qui font preuve d'un pouvoir de persuasion très efficace. D'abord, la viande n'est pas ou rarement pesée. La plupart des « éleveurs-bouchers » ne disposent pas d'une balance réglementaire. La viande est pesée au pif et le client, convaincu de faire une bonne affaire, accepte cette situation. Par ailleurs, il a été même constaté, nous dit-on, que certains bouchers, qui préfèrent égorger eux-mêmes leurs bêtes, font souvent passer les carcasses de brebis et même de chèvres pour celles de l'agneau. Cette tromperie, semble-t-il, « marche bien, puisque rares sont les citoyens qui parviennent à distinguer ce genre de viande. Enfin, les conditions d'hygiène sont des plus déplorables : c'est dans des lieux très sales que s'effectuent toutes les étapes d'abattage et même de vente. On patauge dans des flaques de sang et d'eau crottée. Aucun contrôle sanitaire n'est effectué sur les carcasses. Le boucher revendeur, s'improvisant en expert, juge au coup d'œil la qualité de la viande. Les risques de zoonose sont évidents et personne ne semble s'en inquiéter. Eleveurs-vendeurs comme bouchers-revendeurs ont d'autres soucis : gagner le maximum d'argent en limitant les pertes pour les premiers et acheter de la viande à bas prix, même si c'est au détriment de la santé publique, pour les seconds. Ainsi, se synthétise curieusement le mois de Ramadhan.