Le premier responsable de l'organisation garante de la déontologie médicale en Algérie invite les citoyens se sentant lésés de se rapprocher du Conseil de l'ordre. “Il ne faut pas criminaliser la faute médicale, les prisons ne sont pas faites pour les médecins”, a déclaré hier le président du Conseil national de l'ordre des médecins, le Dr Bekkat, lors de la 9e Journée internationale de déontologie médicale, organisée à Constantine. En effet, pas moins de 50 médecins ont été placés en détention préventive durant les quatre dernières années. Pendant cette période, quelque 500 plaintes ont été déposées contre des praticiens de différentes spécialités. Selon le même responsable, la situation devient de plus en plus alarmante pour ces praticiens qui n'arrivent pas à se faire comprendre. Il estimera que devant la complexité du sujet, des négociations doivent être ouvertes avec les partenaires concernés. À cet effet, il évoque des cas de médecins inculpés et condamnés sans que le Conseil de l'ordre en soit informé. Jamais ouvertes, les portes du dialogue demeurent closes, ce que regrette évidemment le président du Conseil de l'ordre national. Ils reprochent évidemment aux citoyens le recours systématique à la justice, alors qu'ils peuvent se rendre aux bureaux du Conseil de l'ordre qui les rétablira dans leurs droits s'ils sont réellement lésés. “Attirés par les indemnités judiciaires, les citoyens préfèrent le juge d'instruction au Conseil de l'ordre”, affirme le Dr Bekkat. Des médecins ayant participé à ces journées pensent pour, leur part, que l'établissement de l'erreur médicale n'est pas une simple affaire, car seuls leurs pairs peuvent évaluer leur travail. Par contre, quand la justice, qui est au-dessus de tout le monde, se saisit du dossier pour le juger, elle fait appel à des experts qui se trouvent être eux aussi des praticiens, faute de juges spécialisés. À ce sujet, les participants regrettent que les juges fassent appel à des experts selon l'inscription au tableau de l'ordre de la région de compétence du tribunal et non selon la spécialité médicale. Ces mêmes participants rappellent que pour juger un dossier, il faut des experts exerçant la même spécialité que le praticien incriminé. Par ailleurs, ils tiennent à rappeler que le praticien, quelle que soit sa spécialité, n'est tenu qu'à l'obligation des moyens et jamais à l'obligation de résultats. C'est ainsi, par exemple, que le médecin qui opère un malade est obligé de mettre tous les moyens à sa disposition pour réussir cette intervention. Si jamais il respecte cette obligation de moyens et que le patient venait à décéder, il ne s'agit nullement d'une erreur médicale. Les congressistes ne veulent pas pour autant ignorer qu'il y a des erreurs médicales, mais ils tiennent à remettre les pendules à l'heure et exigent des actions judiciaires respectant la déontologie médicale. Sur un autre volet, le Dr Bekkat dénonce l'attitude des autorités qui accordent des autorisations d'exercer dans des cliniques privées à des spécialistes étrangers non inscrits à l'ordre des médecins en Algérie. “C'est un exercice illégal de la médecine”, tient à préciser le Dr Bekkat. En marge de cette journée à laquelle ont pris part des spécialistes algériens et français, le premier responsable du Conseil de l'ordre a annoncé l'organisation, le 2 novembre prochain à Alger, d'un forum euro-méditerranéen des ordres des médecins. Il annonce, à ce sujet, la participation de 17 pays. Lors de ce prochain congrès, plusieurs thèmes seront abordés, comme l'équivalence des diplômes et la réciprocité de l'inscription à l'ordre des médecins des pays participants. MADANI RADIA