RESUME : Keltoum fait une crise en apprenant le but de leur visite. Elle ne veut pas de leur argent. Son fils restera avec elle. L'idée qu'il puisse partir un jour la rend malade. À la polyclinique où elle rencontre Fatia, celle-ci tente de la raisonner. Elle doit agir dans l'intérêt de son fils. -C'est regrettable ! Elle a refusé de m'écouter. Fatia ne la comprend pas. Pourquoi priver son enfant de son père si ce dernier cherche à le voir ? Djohar est allée chez son père à deux reprises. Elle a passé tout un week-end en compagnie de ses demi-frères et demi-sœurs. Elle a parlé en bien d'eux. Elle est aussi revenue avec des cadeaux. Et son père a payé une partie des arriérés. Pourtant Fatia n'a rien demandé. - Je te les mets de côté pour plus tard, décide-t-elle. C'est une coquette somme et elle se voit déjà l'envoyer à la fac. Elle en aura besoin. Gaspiller n'est pas dans ses habitudes. - Maman, la mère d'une de mes camarades vend des choses, dit Djohar. Pourquoi ne ferais-tu pas comme elle ? - Avec ton argent ? non, non… - Moi, je te dis que c'est une bonne idée, je ferais le porte-à-porte après les cours et je te rapporterais l'argent, insiste Djohar. Je suis sûre que je peux t'aider. - Soit ! C'est une bonne idée, mais dis-moi, qui achètera au marché de gros ? l'interroge Fatia. - On passe l'argent à mon oncle. Il ne va pas refuser. - Je vais lui demander ce service. Je prendrais juste une partie de ton argent et je te rembourserai vite ! - Maman, cet argent est aussi à toi ! À la prochaine sortie d'un de ses frères, elle lui remet une certaine somme et lui demande d'acheter des bijoux de pacotilles, des parfums, des dessous féminins. Le vendeur a été de bon conseil pour son frère Mouloud. Il a acheté de jolies choses et lui a remis des coupons de tissus. - Vous me payerez une fois que vous les aurez vendus ! Mouloud ne refuse pas. Lorsqu'il rentre à la maison, avec de grands sacs pleins, Fatia se demande si elle a bien fait. Et si les articles restent invendus ? Rien qu'à cette pensée, elle a des regrets. Mais l'enthousiasme de sa fille finit par la rassurer. Du haut de ses douze ans, elle a déjà une idée sur les prix des articles. - J'ai vu les articles que vend la mère de ma copine et ils sont plus chers. Si on les vend avec quelques dinars en moins, il ne restera rien avant la fin de la semaine ! - Que Dieu t'entende ma fille ! - Tu sais, demain, je ferai le tour des boutiques du village et on aura une idée sur les prix à afficher ! décide Mouloud. L'aide de ce dernier leur permet d'afficher des prix défiant toute concurrence. Après les cours, Djohar lui est d'une aide précieuse. Elle fait du porte-à-porte et en l'espace de quelques jours, il ne reste rien. Tout a été vendu et des clientes ont fait des commandes. - Je n'en reviens pas, dit Fatia après avoir calculé. J'ai presque un tiers de bénéfice. - Il faut tout remettre. Les femmes en redemandent. Mais cette fois, dis à mon oncle d'acheter aussi des articles pour enfants ! Fatia décide de renouveler l'expérience. Mais cette fois, elle accompagne son frère au marché de gros. Elle a envie de choisir elle-même les articles qu'elle vendra. Elle s'attendait à ce qu'il refuse mais à sa grande surprise, il accepte. A. K. (À suivre)