Le délai des indemnisations, dans le cadre de la Charte pour la réconciliation nationale et la paix, s'achèvera en août 2007. L'annonce a été faite hier, lors du Forum d'El Moudjahid, par Me Marwane Azzi, chargé de la cellule réconciliation nationale auprès de la cour d'Alger. Ce dernier a également saisi l'occasion de cette rencontre pour réaffirmer que l'Etat algérien “n'a jamais cessé de lutter contre le terrorisme”. “Le choix politique est en adéquation avec le choix sécuritaire”, a précisé l'avocat, avertissant les groupes terroristes, surtout ceux qui se présentent d'al-Qaïda au Maghreb, qui ont choisi la voie de la terreur et qui “recherchent actuellement la médiatisation que l'Etat a aussi choisi sa voie”. Le représentant de la cellule réconciliation nationale a, en outre, informé de la prise en charge, par la justice algérienne, du dossier “sensible” des personnes disparues qui ne sont “inscrites ni sur la liste des 6 145 disparitions ni sur celle des 17 000 terroristes”. Me Azzi a abordé brièvement l'approche officielle en matière de gestion de la décennie noire, rappelant que les textes de 1995 et 1997 concernaient d'abord les droits des victimes du terrorisme, et qu'ensuite est venue la charte pour prendre en charge les indemnisations de “trois catégories” de personnes : les victimes du terrorisme, les familles de terroristes “répondant à la condition de familles nécessiteuses” et les familles de disparus. L'intervenant s'est dit conscient que la charte n'est pas encore appliquée dans sa totalité et que, par conséquent, il y a du travail à faire, d'autant que “le drame était grand”. Il a cité en particulier le cas des enfants nés dans les maquis, dont la régularisation à l'état civil est estimée à 80%. Me Azzi n'a, cependant, pas écarté l'existence, sur le terrain, de cas de “règlements de comptes” et de “dépassements” aux fins de bénéficier des compensations matérielles. Il a même fait part de “la cupidité de gens qui poussent leurs enfants à rejoindre les maquis (terroristes) pour profiter des indemnisations”. Enfin, il a révélé avoir soumis des propositions en faveur de certaines franges, dont celle des Patriotes, des travailleurs déportés au Sud et de ceux ayant été les victimes de décisions injustes, en vue d'intégrer leur cas dans la charte. Signalons que le centre de presse d'El Moudjahid a aussi accueilli, hier, Me Saïd Benabdallah du barreau d'Oran et Mme Saïda Benhabylès, ex-ministre et représentante du mouvement associatif, ainsi qu'un Patriote de Batna, du nom de Bensaïd. Ce dernier a indiqué avoir sollicité les plus hautes autorités du pays, en leur suggérant de créer “une commission neutre constituée d'Algériennes et d'Algériens pour suivre l'application de la charte”. “J'ai été parmi ceux qui ont été sollicités pour donner un avis sur la réconciliation entre Algériens. Il y avait deux voies : celle de situer les responsabilités ou celle qui consiste à dire qu'il n'y a ni vainqueurs ni vaincus pour fermer le dossier”, a soutenu M. Bensaïd, signalant que la réconciliation n'aboutira pas tant que le choix entre les deux options n'est pas tranché. Selon lui, il existe un lien entre 1962 et la situation actuelle qui “oppose les terroristes aux Patriotes”. Et pour venir à bout des divisions, le chef des Patriotes a plaidé pour “une véritable confiance entre les gouvernants et les gouvernés, visant à déterrer la souffrance”, incitant “les élites de l'Indépendance à prendre leur responsabilité”. Le débat initié, hier, a fait ressortir la nécessité, notamment d'“accorder la réconciliation avec la lutte antiterroriste” et d'en finir avec “le laxisme”. Dans ce cadre, un appel pressant a été lancé aux dirigeants, aux institutions du pays, au Parlement et à la société civile, pour “jouer leur rôle” et s'élever contre la décision de l'ONU relative à l'indemnisation du chef de l'ex-FIS, Abassi Madani. H. Ameyar