La décapitation du ressortissant américain à Riyad par le groupe saoudien d'Al-Qaïda remet au goût du jour le combat sans merci que livre George Bush à la nébuleuse de Ben Laden. À quatre mois des élections présidentielles américaines, Bush n'a pas encore gagné sa bataille contre le terrorisme. Oussama Ben Laden est toujours là à le narguer. Le chef de la mouvance Al-Qaïda, insaisissable, multiplie les provocations en direction de la maison-blanche. Présent en Irak, où ses agents revendiquent des attentats, Ben Laden s'attaque désormais au royaume qui l'a vu naître. Depuis un an maintenant, le pays des Al-Saoud ne connaît plus la paix. Les Américains dont les intérêts dans la péninsule sont très importants, sont les cibles des terroristes d'Al-Qaïda. C'est une véritable guerre que livre la nébuleuse de Ben Laden aux Etats-Unis sur le sol saoudien. Si au début, les attaques étaient dirigées contre les occidentaux de manière générale, elles visent aujourd'hui directement les ressortissants américains. Au fil du temps, il s'est avéré que les opérations étaient planifiées et exécutées par une organisation bien structurée, dont le patron, Abdelaziz Ben Issa Al-Mouqrin, a été tué vendredi soir à Riyad par les forces de sécurité saoudienne. C'est ce qu'a officiellement affirmé hier le ministère saoudien de l'Intérieur avec photos d'Al-Mouqrin et de ses trois autres acolytes abattus dans la même opération. L'information a été démentie hier sur un site internet par Al-Qaïda. Ceci étant, il y a lieu de relever l'incapacité des services du renseignement américain en particulier et occidentaux en général à s'opposer aux opérations terroristes de la mouvance d'Oussama Ben Laden, de plus en plus active, notamment en Arabie Saoudite. En effet, toute l'assistance apportée par la CIA aux services de renseignement et de sécurité du royaume wahhabite s'avère insuffisante, voire nulle, pour contrecarrer les activités terroristes. À voir ses appels répétés à ses trente mille ressortissants résidant en Arabie Saoudite, à quitter cette contrée, l'Amérique semble sur la défensive face à un ennemi qu'elle n'arrive pas à localiser. George Bush n'a pas pu cacher sa rage vendredi soir. “Ils tentent d'intimider l'Amérique. Ils essaient d'ébranler notre volonté. Ils essaient d'obtenir que nous nous retirions dans le monde”, a hurlé le président américain en direction des terroristes. “L'Amérique ne va pas reculer, ne sera pas intimidée par ce genre de brutes extrémistes”, a-t-il ajouté. Son adjoint, Dick Cheney, a promis quant à lui que les terroristes seront retrouvés et éliminés. “Tous les Américains doivent être convaincus de la détermination du président Bush dans cette guerre. L'Amérique traquera ces tueurs, les trouvera un par un et les détruira”, a déclaré Cheney à Englewood dans le Colorado. “Cette action montre une fois de plus la nature de l'ennemi que nous affrontons dans la guerre contre le terrorisme”, a précisé le vice-président US. Si Bush et son bras droit se sont gardés de faire des reproches aux dirigeants saoudiens, le candidat démocrate à l'élection présidentielle du 4 novembre prochain a émis le souhait de voir le gouvernement saoudien apporter son “entière coopération pour traquer ces terroristes et détruire Al-Qaïda”. Il est évident que la tension va monter d'un cran dans ce combat entre les Etats-Unis et l'organisation d'Oussama Ben Laden. Reste à savoir si l'Arabie Saoudite, terre de cette bataille, pourra en supporter les conséquences qui risquent d'être catastrophiques sur le plan économique et politique. K. A. Le démenti d'Al-Qaïda Un site internet, habituellement utilisé pour relayer les communiqués d'Al-Qaïda, a attribué, hier, à “Al-Qaïda dans la Péninsule arabique” un communiqué démentant la mort du chef de ce groupe, Abdel Aziz Al-Mouqrin. “Suite à l'information mensongère (...) sur la mort de Abdel Aziz Al-Mouqrin, nous voulons affirmer que de telles allégations, propagées par les tyrans en Arabie Saoudite, visent à saper le moral des moudjahidine dans la Péninsule arabique”, affirme le texte attribué au groupe par le site (http://alsaha.fares.net). Le communiqué, dont l'authenticité ne peut être vérifiée dans l'immédiat, ajoute qu'“un autre communiqué (détaillé) sera publié ultérieurement”.