“L'avenir de l'industrie pharmaceutique n'est plus notre problème. C'est désormais celui des responsables politiques…”. Le dirigeant du Syndicat algérien de l'industrie pharmaceutique (SAIP), le Dr Djebbar, n'est pas allé de main morte pour dénoncer les velléités de briser l'avenir de la jeune industrie algérienne. Devant l'indifférence des pouvoirs publics, il lancera tout de go : “Nous n'avons plus confiance en les institutions qui gèrent le médicament en Algérie, car elles ne nous laissent pas travailler…”. Au premier rang des organismes ciblés par le SAIP figure le Comité technique de remboursement (CTR) à qui il impute “défaillances et inefficacité”. Conséquence : les parts de marché des producteurs locaux sont passées de 25% à 13% actuellement, soit un recul de 10 points. La cause évoquée a, essentiellement, trait, selon le Dr Djebbar, aux agissements du CTR et à l'importation des médicaments. Durant l'exercice précédent, la valeur des produits importés remboursés a augmenté de 18 à 28 millions de dollars US. Le CTR, estime le premier responsable du SAIP, au cours d'une conférence de presse, a établi une liste de produits non essentiels enregistrés, importés et remboursés. Il cite des veinotoniques, des anti-acnéiques, des bains de bouche des antiseptiques… fabriqués en Algérie, mais non remboursés. “Le CTR casse la production locale chez nous et aide à son développement dans les pays qui nous fournissent le médicament, notamment de spécialité, vendu plus cher”, dira le conférencier. Cet état de fait arrange parfaitement les multinationales qui ne verront aucun intérêt à venir investir dans notre pays. Car leurs produits sont fabriqués chez elles, et vendus et remboursés, voire promus dans notre pays. Pis, les rares investisseurs installés, a indiqué le Dr Djebbar, réalisent 99% de leur chiffre d'affaires de leurs importations de produits finis de spécialité qui coûtent très chers. Les quelques producteurs commencent, selon le Dr Djebbar, à fermer certaines de leurs lignes de production. D'autres grignotent de plus en plus sur leur capital et mettent en chômage leurs employés. Les fabricants, menacera-t-il, opteront, incessamment, à l'importation ... B. K.